À partir du 23 septembre, les monuments municipaux seront éteints à 22 heures à Paris… Elisabeth Lévy dénonce une mesure faussement vertueuse.
C’est la dernière trouvaille du progressisme écolo : éteindre la Ville-Lumière ! Les noctambules parisiens n’ont plus que quelques jours pour profiter du somptueux spectacle de la Tour Eiffel illuminée jouant avec la lune et les étoiles… Soyons honnêtes, pour la Tour Eiffel, l’éclairage sera maintenu jusqu’à 23 h45, heure de départ du dernier visiteur. Mais, pour l’Hôtel de Ville, les musées et les mairies d’arrondissements, ce sera bien le couvre-feu dès 22 heures. Même tarif pour les ponts, lesquels ne seront donc plus illuminés, sauf si l’éclairage est nécessaire à la circulation des bateaux.
Toutefois, dans sa bonté, Anne Hidalgo a refusé d’arrêter l’éclairage des rues, pour des raisons de sécurité. En attendant, la place de l’Hôtel de Ville, le carrousel du Louvre ou le Champ de Mars ont toutes les chances de devenir des coupe-gorges. En effet, sur ces sites, ce sont les monuments qui éclairent l’environnement !
Cette mesure fait partie d’un grand plan qui doit permettre à Paris de réduire de 10% sa consommation énergétique. Il est notamment prévu de baisser la température de l’eau dans les piscines d’un degré (elle passera de 27 à 26 degrés, ça devrait encore aller) et dans les bureaux municipaux (là, on passera à 18 degrés, les fonctionnaires devront sûrement prendre une petite laine). Bref, après Lille et Marseille, Paris fait un petit geste pour le climat…
On ne va tout de même pas râler parce qu’on consomme moins d’électricité…
Si ! Parce que ce sont des économies de bouts de chandelles, c’est-à-dire de la com. Il faut montrer au bon peuple qu’on est les bons élèves de la sobriété.
On va économiser quelques millions, sur un budget parisien qui avoisine les 10 milliards, avec une dette de 7,7 milliards (laquelle a doublé sous Anne Hidalgo). Tout ceci est donc aussi efficace que le fliquage des magasins dont on vérifiait le mois dernier s’ils fermaient bien leurs portes quand la climatisation était en marche… En se passant d’une palanquée d’aménagements absurdes et de constructions hideuses, on ferait certainement plus d’économies.
À ces critiques, on répliquera qu’il s’agit là de mesures symboliques. D’accord, mais le symbole de quoi ? Du fait que la moraline écolo sacrifie notre statut de capitale mondiale, et l’aura de Paris en tant que Ville-Lumière, à la religion du climat ! C’est aussi une façon de nous signifier que tous les plaisirs de la vie sont coupables. Qui dira encore que Paris est une fête, quand elle sera passée de la lumière à l’ombre ?
Alors, j’ai une bien meilleure idée pour réduire drastiquement la pollution, les émissions carbone et la dette de Paris : annulons les funestes Jeux Olympiques !
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy chaque matin à 8h10 dans la matinale de Patrick Roger.
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