Chacun le sait, les Russes n’hésitent pas utiliser les réseaux sociaux pour partager leur propagande à l’international. À l’occasion de l’anniversaire du Pacte germano-soviétique, ils se sont surpassés.
Le 23 août, le compte Twitter du ministère des Affaires étrangères de Russie publiait une vidéo commémorant les 83 ans du Pacte germano-soviétique de 1939. Immédiatement, les internautes ont été interpellés : pourquoi le pays prônant la « dénazification » de l’Ukraine rappelle-t-il ses compromissions passées avec l’Allemagne nazie ? Un examen approfondi de la vidéo montre que son objectif est de démontrer que la Russie a été contrainte de signer le pacte par l’inaction des Européens, plus indulgents pour Hitler que pour Staline. On apprend que les Russes n’ont fait que suivre l’exemple d’autres nations européennes qui avaient déjà signé des pactes de non-agression avec les nazis. Cependant la vidéo oublie de préciser que seul l’accord entre Hitler et Staline était fondé sur la conquête d’un pays tiers, puisqu’elle passe sous silence le protocole secret qui convenait du partage de la Pologne et d’un échange de réfugiés politiques…
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On apprend aussi que toutes les tentatives de la Russie pour créer une coalition antinazie avant le début de la Seconde Guerre mondiale ont échoué à cause des sentiments antisoviétiques des autres nations européennes.
Ces sentiments auraient conduit la Pologne et la Roumanie à refuser aux troupes russes l’autorisation de traverser leur pays en cas d’agression par l’Allemagne, mais aucune mention n’est faite des raisons pour lesquelles ces nations auraient pu craindre l’URSS. Leur sort, après la guerre, sous l’occupation soviétique témoigne pourtant du bien-fondé de leur méfiance. La vidéo russe dresse un parallèle implicite avec le contexte géopolitique actuel. Remplacez Hitler par Zelensky, Staline par Poutine et vous en arriverez à cette conclusion : la Russie fait tout pour protéger l’Occident du nazisme ukrainien, et l’absence de coopération occidentale pour cause de russophobie l’a forcée à déclarer la guerre à l’Ukraine. C’est ainsi que les régimes autoritaires réécrivent l’histoire.