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Obama et la Syrie : pas de surprise!


Obama et la Syrie : pas de surprise!

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Le lecteur de The dispensable nation : American foreign policy in retreat (La nation dont on peut se passer : le repli de la politique étrangère américaine), n’aura pas été surpris par les méandres de la politique syrienne de Barack Obama au cours de ces dernières semaines. L’auteur, Vali Nasr, est d’origine iranienne, professeur à l’Université John Hopkins et il a été pendant deux ans conseiller senior (senior adviser) de Richard Holbrooke au Département d’Etat, en charge du Pakistan et de l’Afghanistan. C’est donc un universitaire qui s’est frotté aux réalités des négociations internationales ; on peut rapprocher son cas de celui d’Aaron David Miller, auteur du remarquable The much too promised Land : America’s elusive search for Arab-Israeli peace (La Terre beaucoup trop promise : l’insaisissable recherche américaine d’une paix israélo-arabe), qui a passé douze ans au Département d’Etat comme conseiller pour le Moyen-Orient.
Vali Nasr voue une admiration sans borne à Holbrooke, un des grands noms de la diplomatie américaine, architecte, entre autres, des accords de Dayton en 1995, et son livre peut être vu comme une sorte de testament politique de son mentor décédé en décembre 2010.
Le verdict de Vali Nasr sur la politique étrangère d’Obama est sans appel : nos partenaires et adversaires « ne savent pas ce que nous pensons et où nous allons. Nous avons abandonné l’Irak et l’Afghanistan à l’instabilité, mis le Pakistan sur la touche, déstabilisé mais pas dénucléarisé l’Iran, déçu les pays du printemps arabe  tout en nous aliénant les régimes autoritaires du Golfe ». Ce jugement est sévère, mais il est solidement étayé. Dans le cas de l’Afghanistan par exemple, Holbrooke ne croyait pas  à une solution militaire et à l’envoi de troupes supplémentaires, mais une fois cette décision prise, il aurait fallu l’appuyer par une négociation impliquant tous les acteurs régionaux et surtout ne pas fixer à l’avance une date de retrait en 2014, ce qui envoyait aux talibans un signal montrant que l’engagement  américain était, somme toute, limité. Nasr développe aussi la gestion de l’Iran : certes Bush avait « savonné la planche » à Obama en balayant d’un revers de main les ouvertures réelles de l’Iran en 2003, mais Obama a persisté dans cette voie. Il a torpillé en 2010 l’initiative commune du Brésil et de la Turquie qui était près d’aboutir, en lui préférant une politique de sanctions populaire auprès de son opinion publique, d’Israël et des monarchies du Golfe, ce qui lui permet d’apparaître à bon compte comme intransigeant envers l’Iran, alors que des concessions majeures ont été faites à la Russie et à la Chine en contrepartie de leur soutien à l’ONU.
On pourrait multiplier les exemples : selon Nasr, la politique étrangère d’Obama ne consiste pas à prendre des décisions stratégiques et à les appuyer par des actions diplomatiques n’excluant pas nécessairement le recours à la force, mais à coller à son opinion publique. La politique étrangère a été abandonnée aux agences de renseignements et au Pentagone, et elle se trouve sous le contrôle de conseillers en communication guidés par des considérations tactiques de politique intérieure et sans expérience internationale. Certaines affirmations de Vali Nasr pourront bien sûr être contestées, mais son livre est certainement un des livres de géopolitique les plus importants écrits ces dernières années ; on ne peut que souhaiter qu’il soit rapidement traduit en français.


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