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Quand elle le veut, l’Algérie sait pourtant pardonner…

La repentance à géométrie variable


Quand elle le veut, l’Algérie sait pourtant pardonner…
Le président Macron visite la Grande mosquée d'Alger, 26 août 2022 © Jacques Witt/SIPA

« Il faut pouvoir se fâcher, avant de se réconcilier… » a affirmé en Algérie le président Macron, vendredi. Cela devient un peu lourd ! L’intransigeance algérienne à l’égard de la France et l’accumulation des petites vexations tournent au risible. Alors que le président français signe un accord de « partenariat renouvelé » ce samedi avec son homologue Abdelmadjid Tebboune, non seulement les Algériens ne parlent jamais de leurs propres torts et exactions lors de la « guerre de libération », mais ils exigent de plus toujours davantage de repentance de la part des Français. Analyse.


Quand elle le veut, l’Algérie sait pardonner, même l’impardonnable comme la torture et les exécutions de masse. D’ailleurs, elle s’apprête d’amnistier 300 ex-terroristes islamistes impliqués dans la guerre civile des années 1990, au grand dam des victimes qui crient à l’injustice. En vertu de la Loi de Concorde Civile (promulguée en 1995), le régime algérien a pardonné les crimes de sang de milliers d’anciens maquisards islamistes qui ont égorgé et torturé civils et militaires. 

L’histoire torturée

Pourquoi pardonner les islamistes alors que les cadavres de leurs victimes sont encore « chauds » et refuser de la tourner la page concernant les crimes de la colonisation ? 

Le régime algérien et ses idiots utiles en métropole n’ont que le mot torture à la bouche. Mais, est-ce que la France a le monopole de la torture? Durant la guerre civile, la fameuse « décennie noire » (1992-2002), les services de renseignement militaires ont dépoussiéré la gégène et pratiqué les exécutions extra-judiciaires à grande échelle. Human Right Watch et Amnesty, pour ne citer que ces deux ONG, ont documenté les actes de torture commis dans les centres « d’investigation » comme le centre Antar, le commissariat de Cavaignac et de Châteauneuf. 

Le FLN et l’armée algérienne ne valent ainsi pas mieux que l’armée de Massu et de Bigeard. 

Alors, d’où tire la partie algérienne son intransigeance à l’égard de la France ? Sur rien, l’argumentaire est creux. La paix a été établie par les Accords d’Evian, à quoi bon renégocier la paix aujourd’hui au moyen de commissions d’historiens qui ne servent à rien à part à émettre des notes de frais ?

Disque rayé

Monsieur Macron serait inspiré de dire aussi ces choses à Monsieur Tebboune. Mais ne déteste-t-il pas la France et son histoire ? Il ne s’épargne aucune peine pour la repeupler d’Algériens, de Maghrébins et d’étrangers. Il ne recule devant aucune ignominie pour l’humilier et la rabaisser dans le concert des nations. Ainsi, il faudra s’attendre à ce que le disque rayé de la repentance coloniale continue à tourner et à polluer les relations franco-algériennes.

Le président Macron et le président algérien Abdelmajid Tebboune, Alger, 25 août 2022 © Anis Belghoul/AP/SIPA

Les choses changeront le jour où le casting changera à Paris comme à Alger. L’alternance, si elle a lieu, permettra d’ouvrir les fenêtres et d’aérer l’air vicié du huis-clos mémoriel qui pue l’aigreur et le ressentiment.

D’ailleurs, il faudrait inclure une tierce-partie dans cette relation. Le tête-à-tête franco-algérien ne peut aboutir à autre chose qu’à une querelle de couple ou plutôt à une querelle entre la mère et sa fille : la France a enfanté l’Algérie au terme d’une césarienne sanglante et traumatisante, la guerre de libération (1954-1962). Oui, la France a enfanté l’Algérie en tant que territoire continu, unifié et borné de la Méditerranée aux confins du Mali. Il ne sert donc à rien d’exiger de ces deux-là de s’entendre comme deux tourtereaux : l’Algérie a honte d’être la fille de la France et la France ne veut pas assumer qu’elle a créé un pays au sud de la Méditerranée dans la douleur, la discrimination et l’arbitraire. Un conseil d’ami, car j’espère être l’ami des Français et des Algériens en même temps : entourez-vous d’Italiens et d’Espagnols, appelez les Portugais et les Maltais à la rescousse, associez les gens qui n’ont rien à voir avec vos traumatismes respectifs. Une Union de la Méditerranée ou une Ligue des pays de la Méditerranée Occidentale pourrait être le forum idéal pour réapprendre aux Algériens et aux Français à regarder l’avenir au lieu de fixer le passé. Les thèmes de coopération ne manquent pas : l’immigration, le réchauffement du climat, l’avancée du désert, l’eau, les échanges universitaires (un programme Erasmus ou « Ibn Khaldoune » plutôt serait bienvenu !), etc.



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Ecrivain et diplômé en sciences politiques, il vient de publier "De la diversité au séparatisme", un ebook consacré à la société française et disponible sur son site web: www.drissghali.com/ebook. Ses titres précédents sont: "Mon père, le Maroc et moi" et "David Galula et la théorie de la contre-insurrection".

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