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Primaire des Républicains : Sébastien Laye, candidat du renouveau


Primaire des Républicains : Sébastien Laye, candidat du renouveau
Sébastien Laye à CNews. Capture d'écran DailyMotion

L’économiste et entrepreneur Sébastien Laye, membre de l’Institut Thomas More et auteur pour Causeur, s’engage dans la bataille pour la présidence du parti Les Républicains. Il a à cœur de redonner une âme intellectuelle et idéologique à une droite en quête de repères. Entretien.


Causeur. Après l’échec retentissant de Valérie Pécresse lors des dernières présidentielles, quel avenir voyez-vous pour Les Républicains?

Sébastien Laye. Le parti se félicite de son assise territoriale et de ses groupes parlementaires actifs, mais il est en état de mort cérébrale. Le travail de reconstruction idéologique et de réintégration de la société civile n’a jamais été fait. Le parti croit que s’il y a un « chef sachant cheffer », tous les problèmes seront résolus par miracle. Je m’inscris en faux contre cette vision : ma candidature appelle une refondation idéologique, mais aussi une ouverture aux expériences de terrain, au renouvellement : cette injection massive de talents extérieurs est beaucoup plus importante que la question de l’incarnation tout en haut.

Dans un système de parlementarisme rationalisé, plus aucun parti seul n’arrivera au pouvoir. Il faut cesser d’être sectaires, de jeter des anathèmes aux uns et aux autres. Gramsci disait que la crise c’était quand l’ancien meurt et le nouveau ne peut naître. Le parti de Nicolas Sarkozy est mort, mais sur ses bases peut renaître une nouvelle formation, alliée à d’autres, en allant massivement puiser dans la société civile pour aider des élus locaux qui souffrent de ne plus avoir de locomotives nationales. Pendant les élections législatives, de bons candidats LR comme Julien Aubert furent balayés car, au niveau national, qui dans les grands médias se battait en leur nom sur les sujets économiques, régaliens ou internationaux ? A ces conditions que je viens d’expliciter, le futur LR et ses alliés peuvent arriver au pouvoir.

Qu’est-ce qui sépare aujourd’hui Les Républicains de Renaissance ? La différence semble parfois ténue.

Vous avez cette impression parce que le travail idéologique et intellectuel n’a pas été fait, et surtout n’a pas été incarné. Quand il commençait à l’être comme lors de la campagne présidentielle, les coteries de petits chefs cheffant comme des Shaddocks se sont empressés de torpiller la candidate…

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Je suis en nette opposition au macronisme que j’ai toujours combattu. Cette ligne a été explicitée dans des centaines d’articles et de rapports au cours des cinq dernières années. Chef d’entreprise, mon logiciel économique est celui de la liberté : restructurer l’État pour baisser nos charges et nos impôts, réindustrialiser et permettre à notre économie de créer des emplois et du pouvoir d’achat (c’est le cœur de mes écrits économiques). Macron n’a rien fait en la matière, les prélèvements obligatoires représentent toujours 46% du PIB comme en 2017, dépense publique et dettes ont explosé : il est en train de socialiser notre économie. Quand j’entends Pradié qui veut dépasser Macron par sa gauche, je me dis qu’il a vraiment envie de nous faire perdre !

A l’inverse des Renaissance, nous ne sommes pas des mondialistes, nous défendons, y compris en économie, nos intérêts français et nos frontières. J’avais introduit dans les colonnes de Causeur le concept de « Bruxit », l’idée de sortir des contraintes bureaucratiques de Bruxelles. Sur le régalien, nous sommes bien plus déterminés que Renaissance et plus crédibles dans nos propositions que le RN.

Enfin, je veux amener le Parti vers une culture plus enracinée, proche de nos territoires, girondine, contre le centralisme parisien du bloc élitaire autour de Macron. Ma droite est celle des classes moyennes qui veulent défendre leur mode de vie et jouir de leur travail. Je ne le cache pas, je suis plus proche de Johnson et de Trump que d’Alain Juppé. Mes exemples politiques sont Disraeli, Churchill, Reagan, Pinay, Kurz, De Santis.

Vous avez travaillé à l’institut Thomas More. Vous considérez-vous comme un héritier de son directeur, Charles Millon ?

Je suis un entrepreneur, un homme d’affaires, mais avec une vie intellectuelle à côté, et à cet égard, je suis rattaché, oui, à ce think-tank libéral-conservateur. Charles Millon fut un grand ministre de la Défense : avec lui, jamais la France n’a connu l’abaissement actuel de sa puissance. Ce n’est pas qu’une question d’époque, mais aussi d’hommes : tout en étant à l’aise avec l’international, il avait à cœur l’idée de défendre partout et toujours les intérêts français. Le slogan de ma campagne sera «  La France à Voix Haute », pour reprendre le titre d’un ouvrage qui m’avait marqué dans mon enfance, sur les rapports entre Pompidou et De Gaulle. Charles est aussi un des rares hommes politiques qui comprend le rapport entre la puissance et l’économie. À son époque, les personnalités de droite étaient plus proches de l’entreprise qu’elles ne le sont aujourd’hui, et je m’en désole.

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Vous êtes économiste de formation. Alors que l’inflation est au plus haut depuis 40 ans et que le pouvoir d’achat baisse, quelle serait votre ligne politique ?

C’est le sujet de ma dernière note pour Thomas More : j’y explicite le problème et donne mes solutions.

L’inflation est d’abord d’origine monétaire, du fait du « quoi qu’il en coûte » et d’interventions mal calibrées des banques centrales. Macron en est directement responsable et doit rendre des comptes. La première réponse est donc de normaliser les politiques monétaires, en augmentant de manière graduée les taux d’intérêt et en diminuant le bilan des banques centrales.

La seconde mesure est une libération du travail, en permettant aux Français de mieux jouir des fruits de leur travail : il est temps de permettre à ceux qui le souhaitent de sortir des 35h en défiscalisant et désocialisant totalement toutes les heures supplémentaires ainsi que tous les rachats de RTT.

Il faut aussi laisser les Français, inquiets par l’avenir, se constituer une véritable retraite par capitalisation en complément de l’actuel. C’est le bon moment, globalement, de laisser plus de choix aux Français en matière de retraites et de santé.

Nous préconisons aussi dans ce rapport une plus vive politique de mise en concurrence des entreprises dans les services bancaires, télécoms, automobile : plus d’offre, plus de concurrence, c’est le meilleur moyen de faire baisser les prix. Enfin, je suis très actif dans le domaine de la réflexion sur l’immobilier : une vraie politique du pouvoir d’achat devrait libérer le foncier et la construction dans notre pays afin de faire baisser les prix.

Eric Ciotti, Aurélien Pradié et Michel Barnier ont déclaré être candidat ou ont manifesté leur intérêt pour la présidence du parti. Quels sont vos points de divergence ?

Eux et moi, c’est Goliath contre David ! Mon angle pour séduire les Français n’a rien à voir avec les codes éculés de la politique traditionnelle. En premier lieu, je ne suis pas payé par vos impôts comme ces candidats qui n’ont jamais travaillé dans une entreprise de leur vie.

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Je ne suis pas un candidat « contre », contre certains positionnements ou contre certaines personnalités, mais bien un candidat pour plus de libertés, de sécurité, d’excellence à l’école. J’ai cité mes exemples, historiques ou actuels. Aucun d’entre eux ne se contentait de la politique du buzz ou de la petite phrase. Mon slogan, « La France à Voix Haute », c’est celui de la geste de notre famille politique dans les années 1960 et 1970, quand nous réunissions les classes moyennes et populaires. Trop de politiques ont tendance, dans notre famille, à saucissonner les électorats ; la droite autoritaire, qu’est-ce que cela signifie en matière de libertés économiques et sanitaires ? la droite sociale, plus à gauche que Macron, quel sens cela a-t-il pour un parti qui traditionnellement réunissait beaucoup d’indépendants ou de commerçants/artisans ?

Le camp conservateur veut un plébiscite autour de Ciotti pour préparer le retour de Laurent Wauquiez. Je m’étonne de cette stratégie : Laurent Wauquiez, connu pour son intelligence, ne sait-il pas que l’absence de concurrence lors de cette élection, l’absence de débat, va au contraire affaiblir sa position future ?

Pour ma part, ma candidature est motivée par la volonté d’aider ma famille politique : mon parcours est différent et je veux cultiver cette différence sans gêner les autres candidats et personnalités politiques. « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » disait Mark Twain : nous pouvons revenir au pouvoir, collectivement : les forces vives sont là pour aider LR, il suffit que les politiciens cesse de rejeter toute nouveauté.

Alors que Reconquête ! s’est a priori écroulé et que le Rassemblement National a de plus en plus d’influence, comment les Républicains peuvent-ils séduire, à droite ou ailleurs ? 

Il y a deux axes pour recouvrir cet électorat déçu : les idées et la crédibilité. Sur les idées, il faut être clair comme ce que j’ai fait dans la première partie de cet entretien : nous sommes pour la liberté économique, souverainistes à nos frontières, déterminés sur la reprise en main sécuritaire et l’exigence de justice, pour une immigration réduite et surtout choisie, pour l’unité des Français (contre le wokisme et le communautarisme), et la préservation intelligente de notre environnement. A partir de cette clarté des idées, notre électorat reviendra naturellement vers nous. Si certains électeurs croient par exemple aux fadaises du RN gauchistes en économie, mon objectif n’est pas de m’agenouiller pour les faire revenir car ils font fausse route : s’ils pensent comme moi sur l’immigration et la liberté économique, refusent l’assistanat et veulent en avoir pour leur argent quand ils travaillent, alors nous sommes de la même droite. Le second point est celui de la crédibilité : là où le RN n’a aucun plan crédible de redressement du pays, ou même Zemmour s’est avéré décevant, nous avons la tradition d’une droite du sérieux, qui dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit.

Avec nous, l’électorat ne perdra pas son temps avec des promesses farfelues, et encore moins avec moi car toutes mes propositions sont issues de longs travaux et échanges avec des professionnels de terrain ou des think-tank.


Sébastien Laye est diplômé d’HEC et de l’IEP, titulaire d’une licence en droit et d’un diplôme du MIT. Entrepreneur dans le domaine de l’immobilier et du financement de l’immobilier , il a aussi investi historiquement dans le domaine de la technologie et des infrastructures. Il est en outre actif dans le débat public depuis plusieurs années et a écrit deux livres. Il suit les questions monétaires et de politiques économiques pour l’Institut Thomas More.

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Jeune (dés)espoir du journalisme politique. Etudiant, pigiste, et un peu poète.

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