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Israël : la propagande et la démocratie

Sortir de la victimisation avec Charles Rojzman


Israël : la propagande et la démocratie
Capture de la bande annonce

Alors que les bombardements ont fait rage ces derniers jours sur les villes israéliennes, le psychosociologue Charles Rojzman dresse un bilan plus objectif et pragmatique de la situation.


Les Israéliens ne sont pas des anges. Je les ai connus autrefois prétentieux et peu civils. Depuis qu’ils ont perdu leurs grands hommes (et femmes), leurs politiciens, leurs juges sont aussi bornés qu’ailleurs en Occident. Il y a des mafias en Israël, des riches trop riches et des pauvres trop pauvres. Du racisme, oui, comme partout. Les immigrés d’Afrique ne sont pas vraiment les bienvenus. Leurs religieux que j’ai aimés dans la série Shtisel, je les trouve laids dans leurs accoutrements du passé russe ou polonais et leur nombre grandissant dans des villes que j’ai aimées me gêne. Mais les soldats israéliens ne violent pas, ne tuent pas intentionnellement des enfants, résistent tant qu’ils peuvent aux provocations d’un ennemi qui ment, qui se présente en permanence comme une victime et comme un résistant alors qu’il mène un combat de djihad contre ceux qu’il appelle les Juifs et non des Israéliens, faisant croire qu’il veut seulement un état à lui alors qu’en réalité, il veut une Palestine entière à la place de cette entité sioniste détestée, jalousée et illégitime à ses yeux.

Je ne défends pas Israël. Je défends, là comme ailleurs, le réel. Je combats les mensonges des propagandes, les assaillants qui se présentent comme des victimes. C’est à propos d’Israël et de Gaza que, pour la première fois, j’ai compris l’importance de la propagande et de la victimisation dans le monde moderne. Connaissant bien ce pays et le monde qui l’entoure, j’ai pris soin de tout étudier de l’histoire ancienne et récente, en écoutant toutes les voix, en consultant toutes les sources. Pour faire la part des choses. Pour ne pas avoir un point de vue manichéen. Pour être conscient de mes biais possibles, de mes préjugés. Pour ne pas être rattrapé par les blessures de mon histoire familiale.

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Il y a déjà quelques décennies, j’ai inventé une approche, issue des psychothérapies et de la psychanalyse, pour appréhender les phénomènes de racisme et de violence dans les banlieues françaises. Au lieu de juger sans savoir, j’ai appris à écouter, à laisser s’exprimer toutes les voix, mais à l’aide d’un processus spécifique et original qui crée suffisamment de confiance pour que les vraies informations et les plus diverses se disent, dégagées des passions, des préjugés, des provocations et des idéologies qui masquent le réel. En mettant en présence des adversaires, des ennemis, en France mais aussi dans plusieurs pays d’Europe, en Afrique, en Amérique latine, en Russie, en Pologne, j’ai compris que le réel existait mais qu’il n’était pas toujours connu, qu’il ne fallait pas confondre le regard sur le réel et le réel lui-même, le réel des faits, mais aussi des émotions et des passions.

Les centaines, peut-être les milliers de personnes que j’ai écoutées un peu partout, de toutes origines, de tous milieux, de tous statuts hiérarchiques m’ont appris que je ne savais rien de ce qu’elles vivaient, que tout ce que je pouvais savoir n’avait que peu d’importance face à la richesse du réel que ces personnes connaissaient et dont elles pouvaient parler, lorsqu’elles disaient leur véritable expérience, sans avoir peur d’être en conflit parfois, sans avoir peur du jugement qu’on pouvait porter sur leurs affirmations, en bravant les certitudes venues d’ailleurs que d’elles-mêmes, en réfutant les mensonges sur des réalités qu’elles connaissaient.

Je parle ici d’une tâche difficile, mais indispensable aujourd’hui. La propagande est, en partie, maîtresse de nos esprits. Déjà nous sommes entrés dans une nouvelle ère totalitaire, faute de véritable vie démocratique. Mais il n’est peut-être pas trop tard. La démocratie doit s’apprendre, se réapprendre. Elle consiste à laisser parler les antagonistes, à permettre le débat, à l’entretenir soigneusement, à trouver le chemin du réel, à savoir combattre, quand il le faut, toutes les visions totalitaires qui veulent déterminer de façon irréductible le sens à donner à nos vies.

Il est temps de devenir responsables de nos vies et de nos pensées. Ne plus être victimes. Il n’y a pas d’autre chemin.



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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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