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La syphilis : une vieille maladie toujours contagieuse


La syphilis : une vieille maladie toujours contagieuse

Vieille maladie ayant connu un immense succès au début du XXe siècle, la syphilis est aujourd’hui pensée comme une maladie ancienne. Erreur, la maladie d’amour court toujours à Paris.


C’est l’histoire d’une jeune femme, Phyllis, 22 ans, dont vous apercevez avec son accord l’arrière-gorge sur la photo et en particulier son amygdale gauche avec une zone creusée blanchâtre en son centre. Cette jeune femme avait une symptomatologie d’angine non fébrile : mal de gorge, un ganglion douloureux et gonflé, difficultés lorsqu’elle avalait…

Son médecin généraliste a évoqué une atteinte due à une bactérie classique, mais en prescrivant des prélèvements de la zone suspecte de la gorge au laboratoire, il a également demandé une recherche de treponema pallidum. Et là, bingo, le tréponème a été retrouvé en grandes quantités. C’était donc un chancre syphilitique. Le chancre signe dans cette maladie le point d’inoculation, c’est-à-dire la zone de pénétration de l’agent infectieux…

Lorsqu’il me l’a adressée pour explications et traitement, elle a eu la même réaction que tous les gens à qui on parle de syphilis : « ça existe encore cette maladie, ça n’a pas disparu ? ».

Je lui ai expliqué que la syphilis était une infection sexuellement transmissible, très contagieuse et potentiellement grave. De plus, comme de nombreuses IST (infection sexuellement transmissible), elle peut passer inaperçue : chancre indolore, dans un deuxième temps plaques de syphilis secondaire prises à tort pour une atteinte non infectieuse… J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cette maladie, qui n’a jamais disparu, en détails.

Comme une infection sexuellement transmissible peut en accompagner d’autres, il faut toujours les rechercher même en l’absence de symptômes (cas le plus fréquent), un bilan IST s’imposait. Les IST se transmettent principalement par contact cutané lors d’un rapport sexuel par voie vaginale, anale ou orale. La transmission a lieu également via des caresses intimes, des rapports bucco-génitaux, avec ou sans pénétration.

Le bilan est à la fois sanguin et génital : sérologies HIV, hépatites virales B et C, sérologie syphilis (pour suivre son évolution), sérologie herpès, recherche de gonocoques, chlamydiae, trichomonas, frottis cervico-vaginal pour la recherche de papillomavirus… Si les IST ne sont pas traitées ou prises en charge tôt, les conséquences sont préoccupantes : salpingite (atteinte des trompes), stérilité, troubles de la fertilité… pour certaines, hépatites chroniques ou pire pour d’autres.

Par ailleurs, j’ai mené mon enquête auprès de Phyllis en évoquant les partenaires des dernières semaines et de découvrir ainsi le patient 0. Le but étant de couper court à une épidémie, c’est une étape essentielle.

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Je l’ai vue énumérer ses dernières conquêtes : Tim, Sami, Edouard, Florian et Mona… « Je suis encore trop jeune pour me cantonner à une seule sexualité, je ne me veux pas me décider » m’a-t-elle fait remarquer. Aucun rapport n’avait été protégé. Pour être claire, je me réjouis que les gens aient des relations intimes et je n’ai aucun problème moral ni avec l’infidélité ni avec les partenaires multiples.

En revanche, malgré un interrogatoire poussé et des investigations avec l’accord des partenaires, je n’ai jamais réussi à trouver qui avait contracté la maladie en premier, ni réussi par conséquent à briser la chaîne de transmission et ça c’est un gros problème : la syphilis circule dans Paris…

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Flora Fischer est Médecin spécialiste en dermatologie et vénéréologie, en cabinet libéral à Paris depuis 10 ans. Elle est également auteure du blog Les billets d'humeur du docteur F ainsi que de l'essai "Confidences d'une dermatologue" à paraître chez Robert Laffont.

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