Depuis plusieurs semaines, la question de la taxation des «superprofits» est débattue. Dans le contexte de la loi «pouvoir d’achat», la Nupes, le RN et certains centristes ont porté à l’Assemblée nationale et au Sénat des amendements en ce sens, finalement rejetés par la majorité. L’économiste Philippe Murer nous éclaire sur les enjeux. Entretien.
Causeur. Il y a un an, le baril de Brent était valorisé à 73$, contre 100$ aujourd’hui. Qui s’enrichit avec cette inflation ?
Philippe Murer. Aujourd’hui, les États-Unis sont en récession et l’Europe s’en rapproche, ce qui aurait dû mécaniquement envoyer les prix du pétrole vers 50-60 dollars le baril. La hausse actuelle du prix du pétrole est due aux sanctions économiques liées au conflit en Ukraine. Ceux qui s’enrichissent sont tous ceux qui font commerce du pétrole, et notamment les producteurs comme Total et les autres compagnies pétrolières mondiales qui produisent une partie à coût fixe et une autre à coût variable. Cela leur permet d’engranger des profits record. Le gaz suit d’ailleurs une trajectoire inflationniste similaire, plus marquée encore.
Au-delà du secteur de l’énergie, les bénéfices de la majorité des multinationales augmentent. L’inflation les favorise-t-elle ?
Il n’y a pas de lien mécanique entre l’inflation et les profits des multinationales. Dans notre économie mondialisée, on trouve paradoxalement nombre de secteurs où quelques entreprises forment des oligopoles. Elles peuvent donc augmenter leurs prix, même si la demande faiblit ! C’est par exemple le cas d’Apple qui a vu les consommateurs accepter les hausses de prix successives des iPhones. On peut noter que lors des 30
