Cuba révèle bien des surprises aux visiteurs qui osent emprunter ses routes. A 800 km de La Havane, la ville portuaire de Gibara, écrasée par la torpeur et la désolation, tente d’entretenir les derniers vestiges de son glorieux passé. Un festival de cinéma s’y tient, parfois, au mois d’août. Reportage.
La route des Indes mène-t-elle à Gibara ? La légende historiographique dispute encore si, le samedi 27 octobre 1492, les caravelles de Christophe Colomb ont relâché dans cette baie ceinturée d’un arc montagneux. Il est plus probable que les galions ne sont venus explorer ces parages peuplés de pacifiques indigènes qu’après avoir mouillé à Bariay, un peu plus à l’est. Toujours est-il que c’est sur le littoral oriental de Cuba, non loin de Holguin, capitale de cette province, à près de 800 km de La Havane, que le Nouveau Monde a pris souche. Le 1er novembre 1492, le navigateur génois envoie des marins en reconnaissance afin d’établir une communication avec les Indiens Taïnos : il baptise l’endroit Rio de Mares (« rivière des mers »). Dans son journal de bord, l’amiral évoque de « très belles maisons de palmes ». Baigné de poésie agreste, le nom de Gibara proviendrait du terme jibá – une espèce d’arbre propre à la région. Selon d’autres sources, l’origine en serait un vocable d’origine indienne signifiant « rustique et indomptable » :
