Quand l’association de l’activiste Assa Traoré est accusée dans un article d’avoir couvert les violences « sexistes » d’un de ses membres, elle s’imagine que le journal d’Edwy Plenel est désormais passé à l’extrême droite.
Que s’est-il passé à Mediapart en ce jour funeste ? Un moment d’égarement ? Le permanencier de service avait-il forcé sur la coke ? Ou peut-être une taupe de la fachosphère s’était-elle glissée dans la rédaction ? Entre ces différentes hypothèses, nous ne trancherons pas. Mais le fait est que le site d’Edwy Plenel a relayé, mardi 25 juillet, une accusation selon laquelle un des membres du comité d’Assa Traoré s’était rendu coupable de violences sur deux ex-militantes!
Selon les dires de la première, le soir du 18 avril 2017, Samir Elyes, un des membres fondateurs dudit comité en serait venu aux mains lors d’une dispute. « Il m’a projetée contre la porte d’un bâtiment. Ma tête a cogné le mur. Il m’a pris par les bras et m’a traitée de “salope”, “d’ingrate”… Il a tenté de me mettre au sol mais je me suis débattue. J’ai réussi à me dégager mais Samir m’a de nouveau poursuivie », déclare-t-elle à Mediapart. Un témoignage d’autant plus problématique que la deuxième accusatrice révèle avoir été victime de violences conjugales en 2014 alors qu’elle était en « relation affective » avec lui. Après une brève mise à l’écart, Samir Elyes a été, contre toute attente, réintégré au comité, animant entre autres des journées de manifestations.
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À ces deux militantes faisant part de leur incompréhension, Youcef Brakni, figure majeure du comité Adama, aurait répondu: « Mais il faut que tu comprennes qu’Assa et sa famille ont un lien spécial avec Samir »… Un lien spécial également avec l’hypocrisie, quand on se rappelle qu’Assa Traoré a longtemps plaidé pour une alliance des luttes avec les femmes dans diverses manifestations féministes ! Et là, nous ne comprenons pas: Mediapart, dans le passé, a toujours montré patte blanche (Oh pardon !). Le site de Plenel a fouillé consciencieusement les entrailles de la France, et en a conclu qu’un racisme systémique sévissait dans notre beau pays. Pas un jour ne s’est passé sans que Mediapart ne s’indigne du sort affreux réservé aux Noirs et aux Arabes. Edwy Plenel a crié, il a pleuré. Mais la France, sourde à ses appels de détresse, a continué à être raciste.
L’accusation d’agression contre un membre du comité « Vérité et justice pour Adama » ne pouvait rester sans réponse. Et les amis d’Assa Traoré ont promptement réagi sans pour autant nier les faits: « Nous ne sommes pas parfaits ». Et ils ont lancé une accusation qui fait très mal : c’est « raciste ». Dans ce domaine, le comité « Vérité et justice pour Adama » est un excellent expert. Et à l’appui de cette accusation contre Mediapart, ils ont lancé : « Aux Etats-unis, un journal de gauche progressiste américain n’irait jamais attaquer la sœur de George Floyd ».
Nous ignorons tout des éventuels liens de parenté qui unissent Assa Traoré à l’agresseur présumé. Mais nous savons qu’entre eux, ils s’appellent couramment « frère » ou « sœur ». Quant à savoir pourquoi c’est raciste, la réponse est simple : l’homme incriminé est d’origine maghrébine ! Eût-il été Français de souche que l’accusation de Mediapart aurait été jugée recevable…
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