L’histoire est effroyable. Elle s’est déroulée fin juin à Faisalabad, une ville du Pakistan. Droguée par une amie musulmane, Meerab Palous a été enlevée et emmenée de force alors que ses parents dormaient tranquillement. Le lendemain, cette chrétienne de confession a été contrainte de se convertir à la religion musulmane et de se marier.
Lorsqu’ils ont découvert la disparition et la situation de leur fille, ses parents ont rapidement porté plainte. Contre toute attente, la police a refusé de l’enregistrer. Pour l’association Human Rights Focus Pakistan, « plus d’un millier d’incidents de ce type se produisent chaque année », sans que cela ne soit évoqué dans les médias internationaux.
Nos chers voisins
C’est le site Asia news qui a révélé cette affaire sordide. Meerab Palous est une jeune chrétienne pakistanaise de 15 ans. Au cours de la soirée du 22 juin, elle a été droguée avec des somnifères par Gulnaz, une amie et voisine musulmane qu’elle fréquente. Profitant que les parents de Meerab Palous dormaient, Gulnaz a appelé son demi-frère, Muhammad Asif. Tous deux ont enlevé la jeune fille, l’ont contrainte à se convertir et épouser son ravisseur. Lorsque ses parents se sont aperçus de la disparition, ils ont immédiatement porté leurs soupçons sur la fratrie et ont porté plainte à la police. Convoqués, la nouvelle famille de Meerab Palous a fourni un certificat de conversion volontaire et de mariage. La police a donc refusé d’enregistrer la plainte des parents. Ils se sont tournés vers le tribunal, apportant les preuves que le document était faux, comportant diverses erreurs comme l’âge de leur fille, vieillie de trois ans de plus. Pour autant, l’affaire a été classée par la justice.
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Bien qu’il n’existe officiellement pas de « Chuhra », au Pakistan, des castes, ce terme est devenu progressivement péjoratif et désigne désormais les chrétiens. Une minorité religieuse qui représente à peine 2% de la population et qui réside principalement au Pendjab. Elle fait l’objet d’une forte discrimination, généralement reléguée à des postes de domestiques, éboueurs ou égoutiers (la Constitution leur interdit de prétendre aux fonctions de président ou de Premier ministre), le plus souvent dans des conditions professionnelles inhumaines. Des métiers que les musulmans trouvent indignes d’occuper. Très régulièrement, les chrétiens pakistanais sont les victimes d’attentats terroristes au sein même des églises qu’ils fréquentent. Ceux qui tentent de les protéger en font également les frais (en 2011, le gouverneur du Penjab qui avait osé prendre la défense de la jeune Asia Bibi, accusée de blasphème et dont l’affaire avait été médiatisée, est assassiné par son garde du corps). Entre 2015 et 2016, plus de 600 lieux de culte chrétiens ont été attaqués par des extrémistes musulmans, certains orchestrés par Daesh.
Des drames dans l’indifférence
Naveed Walter, président de Human Rights Focus Pakistan (HRFP), approché par les parents de Meerab Palous, a déclaré que cet énième cas était une nouvelle preuve de l’augmentation des enlèvements, des conversions et des mariages forcés dans le pays. Pour lui, la situation est devenue plus qu’alarmante, d’autant que c’est le troisième kidnapping de ce type en quelques semaines. « Le gouvernement devrait prendre des mesures sérieuses pour protéger les filles chrétiennes et hindoues, considérées comme une cible facile. Selon les dernières estimations, plus d’un millier de cas d’enlèvement se produisent chaque année, et la plupart d’entre eux ne sont pas signalés » déplore ce défenseur des droits de l’homme, lassé d’être ignoré par la communauté internationale.
Source: Asia News.