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La révolte des moches

Ils dénoncent l'emprise du "pretty privilège"


La révolte des moches
© D.R.

Pour la journaliste Alice Pfeiffer et quelques autres illuminés, la beauté serait à l’origine d’oppressions semblables à celles du racisme et du sexisme. Il faut donc abolir le « pass beauté » pour s’en libérer!


Êtes-vous bénéficiaire du « pretty privilege » ? Pour le savoir, analysez le comportement des personnes autour de vous. Vous offre-t-on des verres ? Recevez-vous des likes sur vos selfies Instagram ? Vous prend-on au sérieux au travail ? Si oui, il est fort à parier que vous avez la chance d’être beau et que vous bénéficiez donc du « pretty privilege », vous permettant d’obtenir des avantages, comme le dénoncent les magazines Nylon et Uzbek & Rica.

Le « pretty privilege » (le « privilège des jolis »), tout comme le « privilège blanc », est une forme de discrimination systémique, et ses victimes jusque-là invisibilisées comptent bien renverser la table. La journaliste Alice Pfeiffer, elle-même victime dans son enfance – « J’ai une cousine qui est plus jolie que moi. […] En famille ou face au restant du monde, dès l’enfance, je notais inconsciemment les réactions différenciées au fil de situations quotidiennes » –, s’attache désormais à déconstruire les critères de beauté, armée qu’elle est d’un master en « gender studies [1] ».

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Il s’agit de dénoncer les liens qui unissent le « pretty privilege » au racisme et au sexisme, puisque la beauté n’a « rien d’objectif », mais doit être analysée au prisme des « vastes enjeux de pouvoir » de notre société. Ainsi, la notion de beauté dominante serait une construction artificielle associée à « des traits caucasiens, la peau blanche (mais dorée, le signe de vacances interminables), une minceur et une jeunesse de rigueur, une identité cisgenre, un corps valide ».Tout cela vu à travers « un gaze [sic] hétéronormatif », c’est-à-dire un regard masculin que les femmes auraient intériorisé.

Pour combattre cette injustice, selon Alice Pfeiffer, il est urgent de « réhabiliter le moche ». La mocheté, comme esthétique des dominés et des marginaux, deviendra une arme de combat. « Laiderons de tous les pays, unissez-vous… ! »


[1]. « Qui profite du pretty privilège ? », Nylon, 27 mai 2022. Voir aussi Alice Pfeiffer, Le Goût du moche, Flammarion, 2021.

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Article extrait du Magazine Causeur




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