Nous sommes en 2010, et je participe à un séminaire sur Lacan et la religion en compagnie des frères franciscains et de quelques versaillaises habillées d’une jupe droite et d’un col claudine. Lacan et la religion ? Rapport subtil, puisque Lacan est un ennemi de toutes les prêcheries comme de cette équipée samaritaine plus connue sous le nom d’humanisme. Mais c’est aussi un grand lecteur de la théologie. Et pour cause, puisque le théologien essaie d’articuler quelque chose d’impossible à dire. Il va sans dire que le moindre quidam ne fait pas autre chose, surtout lorsqu’il veut témoigner de son désir pour quelqu’un, ou, plus dur encore, pour quelqu’une.
Bref, nous passons tous un moment sympathique à papoter sur l’Impossible lorsque le colloque dérive, subitement, vers la question que je déteste. « Croyez-vous en Dieu ? » me demande, d’ailleurs assez froidement, une dame au premier rang. « Je crois que Dieu me récompensera après ma mort pour avoir eu la force de rester un athée toute ma vie, ai-je répondu. J’ai la faiblesse de penser que cette croyance en vaut une autre ». Mais elle n’a pas du tout apprécié cette réponse, et j’ai dû m’excuser sur le champ.
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