Quels sont les ressorts de notre intérêt pour ces « affaires classées », désormais appelées « cold cases » ? Peut-être, dit notre chroniqueur, notre horreur des histoires non finies…
J’avais dix ans quand j’ai découvert, en Livre de poche, les deux volumes du « Service des Affaires classées », une série de nouvelles policières qui venaient d’être traduites mais que leur auteur, Roy Vickers, avait inaugurées dès 1934. Le romancier intitulait cela The Departement of Dead Ends, on ne parlait pas encore de « cold cases » dans le monde anglo-saxon, l’expression s’est imposée avec une série télévisée américaine en 2003-2010.
Et je me rappelle ma fascination pour ces récits inachevés auxquels enfin on apportait une conclusion. Comme un enfant à qui l’on raconte une histoire le soir pour l’endormir, sans l’achever et en lui promettant la fin pour le lendemain. De quoi créer des frustrations durables.
Le « cold case » est aujourd’hui un must de la littérature policière — et le meilleur roman noir que j’ai lu ces derniers temps, l’Île des âmes, repose entièrement sur le remords d’un flic à la retraite de ne pas avoir élucidé, dans une Sardaigne plus primitive que jamais, une série de
