Accueil Économie Viande artificielle : « chéri, ce soir, je t’ai cuisiné une bonne tumeur ! »

Viande artificielle : « chéri, ce soir, je t’ai cuisiné une bonne tumeur ! »

Une révolution alimentaire à venir


Viande artificielle : « chéri, ce soir, je t’ai cuisiné une bonne tumeur ! »
Production de viande in vitro en laboratoire à l'OKPI (Ochakov Food Ingredients Plant) , à Moscou, Russie, le 29 septembre 2019 © Prokofyev/TASS/Sipa U/SIPA

Les lobbys de l’agriculture cellulaire tiennent beaucoup à ce qu’on qualifie la « viande artificielle » de « viande ». C’est un choix marketing participant d’une guerre sémantique, visant à obtenir la confiance du consommateur. Entretien avec Paul Margaron, étudiant à l’Ecole de Guerre économique.


Dans un rapport, publié mi-juin, l’Ecole de Guerre Economique alerte sur les risques sanitaires liés à l’agriculture cellulaire.

Tout d’abord, les produits cellulaires font référence à de la viande cultivée à partir de cellules. Rappelons que la viande est composée de muscles, eux-mêmes composés de cellules. Le but de la viande artificielle est donc de recréer un véritable tissu musculaire, dont la structure se rapproche de celle de la viande. Pour ce faire, il faut prélever des cellules souches de muscles, sur un tissu animal. Les cellules souches sont des cellules indifférenciées, capables de s’auto-renouveler, de se multiplier à l’infini, afin de former ou régénérer un tissu.

A la suite du prélèvement, on laisse donc proliférer ces cellules souches de muscles dans un milieu nutritif composé de protéines, d’acides aminés, d’hormones et d’autres facteurs de croissance. Celles-ci vont s’arrimer à des biomatériaux servant « d’échafaudage » pour, enfin, former des amas de cellules musculaires. Ce sont ces nouvelles fibres musculaires obtenues que l’on nomme « viande cellulaire ». Néanmoins, la viande « traditionnelle » contient également des nerfs, des réseaux sanguins et des tissus conjonctifs qui ne sont eux pas reproduits. C’est pourquoi les autorités de sécurité alimentaire ne considèrent pas encore la viande « in vitro » comme de la vraie viande, puisqu’elle est uniquement un assemblage de fibres musculaires, et que ses qualités nutritionnelles ne sont de fait pas les mêmes. La technique de prélèvement pourrait en outre présenter des risques de contamination et, de plus, pour passer des cellules souches aux cellules musculaires, on utilise des hormones pouvant provoquer un dérèglement hormonal ou l’augmentation des risques de cancer. Bon appétit !

Paul Margaron, étudiant à l’Ecole de Guerre économique

Causeur. Pouvez-vous expliquer à une néophyte comment crée-t-on de la viande en laboratoire ?

Paul Margeron. Cinq étapes sont nécessaires pour créer de la viande en laboratoire. La première étape consiste à prélever des cellules souches sur un animal (par biopsie). Une fois ces cellules prélevées, elles sont placées dans un bioréacteur. La troisième étape consiste alors à nourrir ces cellules à l’aide de facteurs de croissance. Cette étape est problématique à plusieurs titres. Elle est d’abord problématique puisqu’elle nécessite d’utiliser du sérum fœtal bovin, lequel est prélevé sur une vache en gestation et conduit au décès du veau. Mais cette étape est surtout problématique car des hormones de croissance, pourtant interdites


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