Accueil Édition Abonné Non, le Qatar ne sanctionne plus les relations sexuelles hors mariage! 

Non, le Qatar ne sanctionne plus les relations sexuelles hors mariage! 

On fait un mauvais procès au petit Émirat


La Coupe du monde doit cesser d’être un catalyseur à polémiques


À chaque jour sa nouvelle polémique pour essayer de ternir, avant même qu’elle n’ait commencé, la première Coupe du monde de football qui se tiendra dans un pays arabe. C’est en effet un évènement historique inédit qui marquera non seulement l’histoire du Qatar dès le 18 novembre, mais aussi (et surtout), l’ensemble du monde arabo-musulman vers qui tous les projecteurs et des milliards d’yeux seront tournés pendant presque un mois. Un moment qui ne peut pas humilier une région trop souvent en prise aux crises politiques, un moment qui ne peut pas ternir la joie et les espoirs que procurera cette compétition sur l’ensemble de la planète.

Après la polémique sur l’attribution de la coupe par la FIFA à Doha, après la cabale sur le sort des travailleurs alors que le Qatar vient d’ériger le premier embryon de droit du travail dans toute la région du Golfe, voilà un nouveau débat qui se distille dans les opinions pour tenter de déstabiliser le Qatar à nouveau à cinq mois du début de la Coupe du monde. 

Sept ans de prison ?

Dans un journal anglais destiné à un très grand public, un tabloïd donc (sans commentaires), un article récent soulignait l’indignation collective des fans et supporters de foot face au maintien de l’interdiction des relations sexuelles hors-mariage au Qatar pendant la Coupe du Monde. Cela sonne tellement faux que l’on pourrait croire à une mauvaise blague. Qu’en est-il au juste ? Supporters et associations de fans crient au scandale à propos d’une loi qui sanctionnerait de sept ans de prisons toute personne confondue pour ces faits. L’heure ne serait déjà plus à la fête. 

Il y a beaucoup de pays traditionnels ou non, qui ont encore dans leurs textes constitutifs des lois, dont l’application en revanche est à géométrie très variable. En France, il a fallu attendre 2013 pour que la loi de 1800 interdisant le port du pantalon par les femmes soit abrogée. Dans la plupart des pays musulmans, les lois issues de du droit traditionnel musulman perdurent. C’est ce qu’on appelle la charia : la loi canonique islamique et non son usage à l’extrême comme beaucoup tendent à le penser. Cependant, la plupart de ces pays n’applique ces textes que partiellement, voire plus du tout. Il y a en réalité rarement de sanctions prises. Cela vaut pour les pays du Maghreb, comme ceux du Machrek, mais aussi pour tous les pays du Golfe, Émirats Arabes Unis et Arabie Saoudite compris.

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En Tunisie par exemple, les relations sexuelles hors-mariage sont toujours aussi interdites dans ce « laboratoire de la transition démocratique » du monde arabe et, quand un couple s’enregistre à l’hôtel il faut pouvoir présenter son livret de famille…  Ce n’est pas le cas au Qatar. En Tunisie, comme tant d’autres pays musulmans, l’homosexualité est toujours pénalisée mais l’application de la loi, c’est autre chose. Et heureusement. 

Cette situation culturelle entraîne en Occident bon nombre de quiproquos qui sont exploités à quelques mois de la coupe du monde de football pour entacher à nouveau Doha.

En effet, le monde arabo-musulman est complexe et demande que l’on creuse un peu plus en profondeur les choses, à moins qu’on ne les survole en réalité volontairement. Effectivement, on trouve encore dans la vieille loi qatarie cette interdiction aux couples non mariés d’avoir des relations sexuelles. Mais il suffit de faire quelques recherches et avoir un peu de bonne foi pour voir rapidement que celle-ci n’est plus appliquée depuis des années, contrairement d’ailleurs à d’autres pays proches géographiquement. 

Quiproquos

Inutile de dire qu’en 2000, alors que la loi sur le port du pantalon par les femmes était toujours officiellement en vigueur, aucune femme le portant n’allait en prison. Idem pour la pénalisation de l’homosexualité : il a fallu attendre son abrogation en 1982. Pourtant, personne n’était légalement puni s’il commettait des actes contraires à la dite-loi.

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Nombre de pays, comme la France ou le Qatar, dépoussièrent au fur et à mesure leur corpus législatif. Cela prend du temps. Mais l’essentiel est ailleurs : tout le monde, peu importent ses convictions et son identité, sera le bienvenu pour ce grand évènement festif qu’est la Coupe du monde 2022, qui a permis une ouverture et des avancées majeures pour le Qatar, et même quelques sacrées longueurs d’avance sur ses voisins en matière d’évolution politique, culturelle, sociale et juridique.




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