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Hitler connais !


Hitler connais !

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Gilles Bourdouleix, le député-maire de Cholet, ne regrette rien et Jean-Louis Borloo a annoncé qu’il avait démissionné de l’UDI (Le Figaro). Selon Jean-Christophe Lagarde, « tout le monde a sa place au sein de l’UDI à partir du moment où l’on respecte la charte des valeurs du mouvement » et pour Yves Jégo, « on coupe les branches mortes, ce sont les valeurs qui sont en cause ».
Quel est donc le crime, au sens commun du terme, commis par Gilles Bourdouleix et qui a suscité une indignation quasi générale de la classe politique ?
Le dimanche 21 juillet, « après de vifs échanges avec des gens du voyage venus s’installer sur un terrain de sa commune et apparemment excédé par les saluts nazis le visant et le fait que les gens l’appellent « Hitler », il a marmonné : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez » (Le Monde).
Ce propos lui est reproché et en dépit de sa contestation par le député-maire, je tiens pour acquise son authenticité confirmée par l’enregistrement d’un journaliste du Courrier de l’Ouest présent sur les lieux.
Le Monde nous rappelle gravement, après avoir rapporté l’incident verbal, que « plus de 500 000 Tsiganes ont été exécutés par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale » et que Gilles Bourdouleix s’en était déjà pris vertement aux Roms et aux gens du voyage.
Comme il est de règle, le procureur de la République a dû être saisi pour apologie de crime contre l’humanité par le préfet du Maine-et-Loire, à la demande du ministre de l’Intérieur.
Je ne me fais aucune illusion sur le sort judiciaire du député-maire et d’ailleurs je conçois qu’il ne mérite aucune indulgence. Je voudrais seulement introduire, dans ce débat dont l’importance me paraît tout de même surestimée au regard de l’état de la France et du monde, quelques éléments.
D’abord, notre démocratie a-t-elle le droit de dénoncer le comportement transgressif de certains Roms et gens du voyage ? Est-il même interdit, face à des infractions qui, à force d’être réitérées, énervent l’atmosphère et la font tomber parfois dans un racisme qui en temps normal lui est totalement étranger, d’appeler leurs auteurs des délinquants et de les critiquer comme on le ferait à l’égard de toute autre catégorie ? Faut-il considérer que les Roms et les gens du voyage, quoi qu’ils accomplissent, sont appelés à bénéficier d’une immunité les constituant comme des icônes avant leur éventuelle comparution en justice ?
Formuler ces interrogations, c’est y répondre. Cette chape de plomb et de silence absurdement imposée à beaucoup de maires est l’une des causes principales des débordements vraiment choquants. Explosant, elle libère même le pire.
Ensuite, avant que Gilles Bourdouleix s’égare, faut-il tenir pour rien les saluts nazis et le fait d’être surnommé Hitler ? Ceux qui s’en prenaient à lui, en s’autorisant de telles outrances, n’encourraient pas le moindre grief mais lui, en ayant continué ce registre indécent en l’amplifiant, devrait être exclusivement honni sans avoir l’excuse d’une quelconque provocation banalement entendue ?
Enfin, et surtout, sans doute inspiré ou gangrené par ma passion de la liberté d’expression, je suis frappé par le hiatus énorme entre la qualification juridique appliquée à l’invective du député-maire impliquant sérieux, lucidité, pleine conscience historique de sa part et sa réalité dans le mouvement de l’échange démontrant plutôt plaisanterie saumâtre, bêtise exaspérée et saillie lâchée trop vite.
Certes, émanant d’un responsable politique qui devrait demeurer maître de son langage et de ses nerfs quel que soit le contexte, cette formule, dans tous les cas, n’est pas anodine et, si on y tient, est susceptible de justifier des poursuites. Mais qu’on cesse de prendre sans cesse au propre et au tragique des exclamations qui dans l’esprit du locuteur représentent le débordement au figuré d’un caractère dépassé.
J’en ai plus qu’assez aujourd’hui de cette éthique des mots qui se substitue trop souvent, par commodité, à la morale des comportements. Notre société est beaucoup plus à l’aise pour réprimer les dérives du langage qui ne font pas réellement mal plutôt que de sanctionner, comme il convient, les errements factuels des responsables publics et les faillites singulières des élites.
Hitler connais. C’est tellement plus facile.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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