La République, c’est eux !
Je n’ai jamais considéré que les policiers sont de violents agresseurs en puissance, qu’ils sont là pour nuire à ma liberté, qu’ils sont une menace pour la démocratie ! J’aime leur protection, oserais-je encore dire que j’aime l’ordre, et que lorsque je jouais aux gendarmes et aux voleurs, je choisissais d’être gendarme. Peut-être est-ce pour cela que j’appartiens à la réserve citoyenne de la gendarmerie ? On me l’a proposé, par le plus grand des hasards, parce que j’étais une communicante et que les gendarmes en tant que militaires n’ont pas le droit de s’exprimer, y compris lorsque la presse s’empare de sujets qui les concernent – ils appartiennent à ce qu’on appelle « la grande muette ».
Communiquer, je ne m’en suis jamais privée, parfois d’ailleurs à mon détriment.
La petite faiblesse de Sophie de Menthon
J’aime la police donc, mais j’ai un faible pour la gendarmerie…
Il est insupportable que face à la violence croissante, certains soient aujourd’hui prêts à désarmer les policiers, justement parce que les agressions se multiplient. Quelle drôle de logique !
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Chaque manifestation s’accompagne désormais d’une médiatisation consistant à chercher le buzz de la « violence policière ». Évidemment, les policiers habillés en Dark Vador, casqués, masqués, ne sont pas là pour avoir l’air sympa et inoffensifs. S’ils sont effrayants, c’est tant mieux face à des « débordements » qui se multiplient et qu’il faut bien maitriser. Et même si les policiers peuvent parfois avoir le gaz lacrymogène facile, il est inadmissible de les accuser de « gazer » nos compatriotes, le verbe évoquant des crimes imprescriptibles. Pire, affirmer que « la police tue » est profondément mensonger et injuste. Comme si tirer sur un malfaiteur était un crime comme un autre ! Par ailleurs, savez-vous qu’un policier ou un gendarme n’a le droit de tirer qu’en état de légitime défense ? Et qu’ils ne doivent donc pas viser dans les jambes de l’interpellé, car ils sont supposés tirer pour préserver leur vie ?
On reproche aux policiers tout et son contraire : un jour de ne pas anticiper, et le lendemain d’arrêter à l’avance les fauteurs de trouble « qu’on connait ». S’ils font leur travail, ils sont immédiatement accusés de discrimination ou de racisme anti-banlieues (entre autres). Le fameux black block, il ne faudrait pas s’en approcher et le reconnaitre, car ce serait anticiper des exactions qu’il n’a pas encore commises. Mais bien sûr… Quant au « délit de faciès », sur des minorités forcément et systématiquement innocentes, il fait les gorges chaudes de la bien-pensance et la joie d’une extrême gauche en grande forme – avec juste ce qu’il faut de parfum de wokisme…
Je refuse d’obtempérer à cette bien-pensance
Venons-en aux fameux refus d’obtempérer qui prolifèrent et créent des débats sans fin avant même que l’on sache de quoi et de qui il s’agit. Comment arrêter les fuyards ? En leur répétant gentiment de s’arrêter ? Devrait-on laisser courir ? On peut d’ailleurs se demander pourquoi ces refus d’obtempérer semblent une spécialité si française. Et si c’était aussi parce que l’on répète toute la journée que la police est dangereuse ? Que les flics sont des ripoux et qu’ils ne sont pas légitimes dans l’exercice de la répression ? Il me semble que les victimes ne sont plus complètement celles que le bon sens désigne, et que l’agresseur finit par avoir prioritairement le bénéfice du doute.
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Oui, j’aime bien qu’on arrête les coupables (même « présumés », sans attendre qu’ils récidivent immédiatement), j’apprécie que la police soit plus forte qu’eux. Actuellement, le rapport de force s’inverse ; les commissariats, les pompiers… ne sont plus en sécurité et on n’hésite pas à les attaquer dans certaines zones. Alors, oui – et c’est un comble ! – il faut absolument protéger nos forces de l’ordre.
Pour cela, il faudrait inculquer dès le plus jeune âge le respect de cette autorité régalienne qui est à notre service et, mieux, faire en sorte qu’elle soit l’objet de sympathie et non de détestation, ce qui contribuerait à adoucir les comportements de ces officiers de police habitués à être traités en ennemis. Que les jeunes cessent de faire un sport de « narguer l’uniforme » dès que c’est possible. Mieux encore, ne faudrait-il pas renforcer drastiquement le statut des policiers ? Toucher à un flic, et on serait immédiatement incarcéré ? Avec évidemment des peines plus lourdes que pour un citoyen lambda. S’attaquer à un policier, c’est s’attaquer à chacun d’entre nous puisqu’il s’agit de nos défenseurs. Quoi qu’on en pense : « la République c’est eux » ! Finalement, il vaut voter pour ceux qui respectent et aiment la police, c’est rassurant pour notre avenir !
Nostalgie…
Pour terminer ce billet, peut-être une nostalgie, celle d’une époque où le gardien de la paix portait bien son nom, où la France adorait les gendarmes de Saint-Tropez, ses garde-champêtres, du temps où on laissait les clés sur sa voiture, ou les services des « objets trouvés » ne nous faisait pas éclater de rire devant son inutilité, nostalgie qui fait que j’aime encore voir ces uniformes bleus dans mon paysage quotidien ! J’aime pouvoir demander mon chemin à « monsieur l’agent », j’aime pouvoir me réfugier auprès d’eux si je suis prise dans une manif pour qu’ils m’aident à en sortir (ce qu’ils font gentiment), j’aime les saluer au coin de la rue le soir et qu’ils me sourient. J’aime qu’ils surveillent les rues et les quartiers, recommander aux enfants au moindre problème de s’adresser à eux, j’apprécie qu’ils fassent des rondes l’été pour éviter les cambriolages, j’aime leur faire part de mon inquiétude si je me sens suivie. J’aime parfois leur indulgence quand j’explique avec mauvaise foi que j’ai pris un bout de l’impasse en sens interdit parce que je n’arrivais pas à la prendre en marche arrière !
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Enfin, je me demande même si je ne regrette pas les contractuelles, ces hirondelles qui avec leur Bic acéré rédigeaient des PV, plutôt que les voitures anonymes qui sillonnent les rues de la capitale distribuant en cachette des PV virtuels dont on apprend l’existence des semaines après, sans aucun recours.
« L’art de la Police est de ne pas voir ce qu’il est inutile qu’elle voit », Napoléon.
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