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L’affaire Idrissa Gueye ou la mondialisation malheureuse

Un joueur du PSG accusé d’homophobie


L’affaire Idrissa Gueye ou la mondialisation malheureuse
Idrissa Gueye, joueur du PSG, célébrant son but face à Clermont, à Paris, le 11 septembre 2021 © CHINE NOUVELLE/SIPA

Les militants LGBT aimeraient contraindre un Sénégalais à soutenir leur cause. C’est pas gagné…


Le 17 mai s’est tenue la « Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie ». Dans ce cadre, le samedi 14 mai, les clubs de foot de Ligue 1 ont été obligés d’arborer des maillots aux couleurs du drapeau LGBT pour leur avant-dernière journée de championnat. Détenu par l’émir qatari Tassim Ben Hamad Al Thani, le PSG s’est joint à la fête. En territoire montpelliérain, les Parisiens ont joué avec un maillot Accor Live Limitless – c’est déjà mieux que le maillot Fly Emirates – flanqué de couleurs… arc-en-ciel. Sur sa page Twitter, le PSG a d’ailleurs louangé ce drapeau, « symbole de paix, de diversité et symbole par excellence du mouvement LGBT ».

Tout semblait aller à merveille, sauf que l’un des joueurs ne s’est pas joint à la fête : le milieu de terrain sénégalais Idrissa Gueye. Invoquant une crise de foie – on dit maintenant une gastro-entérite – attrapée à la suite d’un gala de charité (on y mange beaucoup, en l’honneur des pauvres), il est resté chez lui. Après avoir été fourrer son nez dans ses affaires, France Bleu a dégoté la véritable raison : fervent musulman, Idrissa Gueye ne souhaitait en aucun cas jouer flanqué d’un drapeau LGBT.

Il avait d’ailleurs fait le même coup l’année dernière. Des révélations que l’intéressé n’a nullement démenties.

En France, l’initiative du joueur a provoqué un malaise. Présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse a réclamé, à travers sa page Twitter, des sanctions. Une demande ponctuée par un point d’exclamation. D’autres élus parisiens LR l’ont rejointe dans cette colère. Le 18 mai, par la voie d’un communiqué, le joueur a été prié de s’expliquer auprès du Conseil national de l’éthique de la Fédération française de football. Quant à Eric Arassus, président de la fédération sportive LGBT+ (oui, ça existe…), il souhaite pour sa part, outre le sanctionner financièrement, « lui faire rencontrer des associations LGBT et le former aux questions LGBT ».

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C’est bien joli mais c’est un peu naïf : au Sénégal, l’homosexualité est punie, par l’article 319 du Code Pénal, d’une peine de cinq ans de prison. Une peine que certains députés souhaitent même durcir. Après s’être vu décerner le prix Goncourt pour La plus secrète mémoire des hommes – excellent, semble-t-il – l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a d’ailleurs subi un déluge d’hostilité de la part d’une partie de l’opinion sénégalaise, notamment sur les réseaux sociaux, l’accusant de faire l’éloge de l’homosexualité dans son roman précédent. Pour sa part, Idrissa Gueye vient de recevoir un soutien de poids, lui, celui de Macky Sall, président du Sénégal. « Je soutiens Idrissa Gana Gueye. Ses convictions religieuses doivent être respectées », a sobrement tweeté ce dernier.

Pour un milieu de terrain international sénégalais, entre le soutien de son président et celui de la fédération sportive LGBT+ d’Eric Arassus, le choix est tout trouvé.

Sur Twitter, l’affaire prend des proportions vertigineuses. Depuis que Valérie Pécresse a cru bon de hausser le ton, le joueur est encensé par l’oumma musulmane. Postant des photos de leur héros devant la Mecque, de nombreux twitternautes musulmans pointent du doigt « la propagande LGBT ». Beaucoup ne comprennent pas que l’on puisse forcer un musulman à porter un maillot arc-en-ciel alors qu’il n’a cure du militantisme LGBT, et y voient une atteinte à sa liberté. Les plus virulents y voient une offensive culturelle de l’Occident, et en particulier de la France. L’accusation de néo-colonialisme n’est pas loin.

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Ce que nous montre cette affaire, c’est que les lubies des détenteurs autoproclamés du progrès se heurtent, une fois encore, au réel. Non, on ne transforme pas un Sénégalais d’un pays majoritairement musulman, et où l’homosexualité est sévèrement réprimée, en un amoureux de la cause LGBT en un claquement de doigts. Et d’ailleurs, ce n’est pas si grave. Depuis des années, les multiculturalistes chevronnés nous chantent les vertus du « droit à la différence » et du respect, comme ils disent, des traditions, coutumes et croyances de chacun. Le voilà, leur « droit à la différence ». D’ailleurs sur Twitter, certains partisans du joueur expriment leurs convictions sans prendre de gants. « Bande de PD. Allez au diable », a notamment tweeté un journaliste militant sénégalais.

Immédiatement, le collectif STOP HOMOPHOBIE a joué des coudes, annonçant engager des poursuites juridiques. « Je suis au Sénégal, mais les homos comptent ouvrir un procès contre moi en France pour homophobie », s’est alors gaussé l’intéressé sur sa page Twitter. Sur ce point, difficile de lui donner tort. La mondialisation aurait-elle trouvé ses limites ? Ce qui est sûr, c’est que le choc des cultures n’en est qu’à ses débuts.

Post scriptum : Et le sport là-dedans ? Le PSG a gagné contre Montpellier 4 à 0. Entre le drapeau LGBT et Idrissa Gueye, notre équipe « franco-qatarie » a peut-être intérêt à choisir le premier, finalement…


Elisabeth Lévy: Idrissa Gueye a-t-il tenu des propos homophobes ? Pas à ma connaissance

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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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