La maison Sotheby’s met en vente le 24 mai la collection unique d’œuvres de Claude et François-Xavier Lalanne constituée par Daniel Marchesseau. Le fruit de cette vente exceptionnelle permettra de financer le futur centre de recherche du musée d’Orsay.
C’est une histoire d’amitié, une histoire de passion et une histoire de transmission. Daniel Marchesseau, ancien conservateur au musée d’Art moderne de Paris (1973-1981), au musée des Arts décoratifs (1981-1990) puis directeur du musée de la Vie romantique (1999-2012), est également un grand collectionneur. Parmi les œuvres d’art qui composent son cadre de vie, un ensemble exceptionnel de pièces créées par Claude et François-Xavier Lalanne qu’il a patiemment constitué durant des décennies. Ce couple d’artistes inclassables, jouant avec les formes et les matériaux pour donner naissance aux plus curieux objets, meubles et sculptures qui soient, il l’a bien connu. Claude et François-Xavier ont été ses amis, ses voisins à la campagne, en Seine-et-Marne, et c’est pour eux qu’il a organisé cette exposition qui devait marquer les esprits, en 1998, dans les jardins de Bagatelle. Daniel Marchesseau leur achète certaines pièces, leur en commande d’autres inédites et eux lui en offrent. L’ensemble est remarquable : une grande torchère végétale à onze chandelles, un large lustre aux papillons et aux souris à seize bougies, un centre de table, des appliques en rameaux, une lanterne à trois feux, des couverts, des bougeoirs, des salières, un mouton, une tortue-topiaire… Toute la créativité et l’originalité des Lalanne sont ici consacrées par le sceau de l’amitié.
Lorsque Daniel Marchesseau a été approché par Laurence des Cars – ancienne présidente du musée d’Orsay aujourd’hui à la tête du Louvre – puis par son successeur Christophe Leribault, pour mécéner l’ambitieux chantier du futur centre de recherche d’Orsay, il n’a pas hésité. Et ce, pour plusieurs raisons. Ce projet hautement patrimonial, le centre sera situé en l’hôtel de Mailly-Nesle, l’ancienne Documentation française, quai Voltaire, est un chantier capital pour une institution comme le musée d’Orsay. C’est aussi un défi architectural, l’hôtel particulier des XVIIe et XVIIIe siècles a été remanié aux XIXe et XXe siècles mais conserve des éléments de décor d’origines – poutres et plafonds peints ont été récemment mis au jour. C’est aussi, et surtout, l’occasion pour Daniel Marchesseau d’offrir un lieu de transmission. « Il faut que la jeune génération sache, dit-il, que parmi leurs aînés, beaucoup veulent les soutenir : il s’agit d’encourager leurs recherches, pas les miennes… ».
Pour financer ce projet hors norme, il a donc eu l’idée de vendre sa collection de Lalanne, dont la cote, depuis des années, atteint des sommets. « L’idée que l’œuvre de ce duo d’artistes serve à la rénovation d’un ensemble architectural et patrimonial pour la recherche en histoire de l’art me paraît primordiale. En hommage aux grands mentors de cette discipline, existent en France des bourses Focillon, un Centre André Chastel, grâce à Michel Laclotte, la salle Labrouste est dévolue à l’Institut national d’histoire de l’art… » et à cette liste s’ajoutera, à l’horizon 2025, ce centre de recherche, d’étude et d’enseignement que l’on baptisera sûrement Daniel Marchesseau…
Vente le 24 mai 2022 à 14h30. Exposition Du mercredi 18 mai au lundi 23 mai de 10h à 18h (sauf dimanche).
Sotheby’s 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré 75008 Paris
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