La droite dite « républicaine » ne devrait pas désespérer. Les pieds au fond du trou, on ne peut que rebondir. Même si, selon notre chroniqueur Philippe Bilger, les mauvais tours joués par Nicolas Sarkozy à sa famille politique sont à déplorer.
L’inquiétude manifestée sur le futur de LR, lors de l’excellente matinale de Patrick Roger sur Sud Radio, par ce dernier et le chroniqueur Eric Revel, peut se comprendre mais pour ma part je ne serai pas aussi pessimiste. Certes, la défaite humiliante de Valérie Pécresse a mis immédiatement ce parti dans un désastre qu’il pressentait – mais non à un tel niveau d’échec. Je vois cependant des motifs d’espoir dans une situation où le pire a été atteint et où on n’a pas d’autre choix que de résister ou de trahir. Demeurer fidèle à ses convictions – la certitude qu’une droite intelligemment républicaine et conservatrice n’est pas soluble dans le macronisme – ou servir ses intérêts à court terme en ennoblissant ces migrations avec de prétendues analyses objectives.
70 députés, ce ne serait pas rien
Les projections pour les futures élections législatives ne mettent évidemment pas LR au même niveau que Renaissance ou même que Nupes mais évoquent tout de même une possibilité de 70 députés, ce qui n’est pas rien et constituerait un socle susceptible de devenir un fer de lance, un aiguillon, une opposition inventive et stimulante.
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Surtout – et cet élément est capital – les étranges et discutables manœuvres de Nicolas Sarkozy ces derniers mois, son absence de soutien à la candidate de son camp, sa promiscuité de longue date, à la fois tactique et narcissique, avec le président Macron et, en définitive, sa trahison invitant la droite à passer avec arme et bagages, par pur pragmatisme électoral, dans une probable majorité qui lui fera perdre sa singularité et son identité, ont permis enfin de lever l’illusion d’un Sarkozy tutélaire, admiré à proportion de ses échecs et malgré son rôle constamment trouble, et je ne parle pas que du plan judiciaire ! LR va pouvoir inaugurer une période de réflexion et d’action où, le roi étant nu, sa liberté sera totale pour inventer son avenir.
L’orgueil et le refus du salmigondis au pouvoir
Comment ne pas se réjouir en constatant le faible écho de l’appel de Nicolas Sarkozy à rejoindre le « en même temps » macronien si peu désirable et si peu exemplaire quand on voit comme l’éthique compte peu pour choisir les candidats Renaissance ?
Tout démontre paradoxalement que la fuite de quelques transfuges qui prétendent donner des leçons à proportion de leur mauvaise conscience, loin d’affaiblir le parti déserté, renforce au contraire celui-ci dans l’orgueil de son identité et de son caractère irremplaçable dans le paysage démocratique. En effet, depuis quelques semaines je suis frappé par l’émergence d’une démarche collective qui ne perd plus de temps en s’interrogeant sur la nécessité de LR mais cherche seulement à se rendre plus efficace en veillant à une incarnation éclatante de cette droite républicaine dont le programme au fond devrait être très simple : un humanisme généreux, une maîtrise régalienne exemplaire, tout ce que n’a pas été le macronisme. Le social plus l’autorité de l’Etat. Le refus absolu du « deux poids deux mesures ». La mise en œuvre d’une Justice, d’une équité et d’un courage politique irriguant l’ensemble de la société et les pratiques du pouvoir.
À examiner tous ceux qui ont l’ambition de succéder à Christian Jacob qui a sauvé tant bien que mal les meubles mais sans briller, LR n’a vraiment pas à rougir du vivier au sein duquel le choix de sa future présidence se fera. Quel inventaire en effet, sans que je méconnaisse le caractère hétérogène de celui-ci par rapport au futur dont on rêve pour LR ! Eric Ciotti, Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy, Julien Aubert, David Lisnard, Rachida Dati, Aurélien Pradié, Laurent Wauquiez qui aurait de bonnes chances pour avoir mis de l’eau apaisante dans son vin urticant : cette liste a de l’allure. LR n’a plus besoin de Nicolas Sarkozy.
Minoritaires demain – qu’ils changent de nom ou pas – mais, j’en suis persuadé, plus forts parce qu’enfin délestés du mythe du « parrain » et contraints de penser et de gagner par eux-mêmes. Parce qu’ils ne vont plus douter d’eux. Fierté de la droite, refus du salmigondis au pouvoir.