Avec les « nouveaux chemins » dessinés par la majorité macroniste et le « nouveau » nom du parti attrape-tout, les Français sont-ils condamnés à revivre la tragédie du premier quinquennat façon farce?
En cette période de transition politique qui sépare la présidentielle des législatives, l’échiquier politique se décompose et se recompose, avec son jeu d’unions et de désunions, scellant la disparition de certains partis.
Ci-gît la social-démocratie
Pendant que la droite est plus que jamais divisée, cordon sanitaire autour du RN et de « Reconquête » oblige, la gauche de gouvernement s’est reniée en fusionnant avec l’extrême gauche mélenchoniste, après s’être abaissée à des marchandages aussi vils que ceux de boutiquiers avides de profits… De cette alliance de circonstance, funeste pour ce qu’il restait de la social-démocratie, a émergé NUPES (pour « Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale »), dont la dissonance de l’acronyme reflète bien l’alliance de façade de ces gauches bigarrées. Nous ne sommes pas loin du Nuppet Show !
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En revanche, du côté de la macronie, les acronymes ne sont plus tendance. Le nouveau nom du parti présidentiel respire un certain classicisme.
À l’occasion du lancement de la nouvelle union macroniste baptisée « Ensemble », rassemblant les trois partis de la majorité présidentielle – le MoDem, Horizon et ex-LREM (Agir de Franck Riester étant aparemment passé à la trappe) – le délégué général du parti, Stanislas Guerini, a révélé, jeudi 5 mai, le nouveau nom du parti rebaptisé « Renaissance ».
La photo qui immortalise ce moment, montre les quatre ténors de la macronie – Edouard Philippe, François Bayrou, Richard Ferrand et Stanislas Guerini. Et elle vaut le détour, non pas pour s’indigner devant ce club très fermé de mâles blancs de plus de 50 ans, comme l’ont fait nos impayables collègues journalistes féministes et paritaires jusqu’où bout des ongles, mais pour se gausser des mines de déterrés affichées par ceux qui s’autoproclament renaissants !… En vérité, des renaissants reconduits aux affaires par une majorité d’électeurs croulants, retraités voire résidents d’Ehpad !
C’est joli, ce vert…
La contradiction entre le nouveau nom du parti d’Emmanuel Macron et la réalité ne s’arrête pas là.
Avec ce nom emprunt d’histoire, on aurait pu s’attendre à ce que le décor devant lequel se tiendraient nos quatre grands hommes soit plus léonardesque que « gaiesque ». Raté !
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A la place d’une reproduction de la Joconde ou de l’homme de Vitruve, symboles picturaux de l’humanisme universel, un mur végétal tapissait la pièce. A l’époque de François 1er, la Renaissance, c’était le retour à l’Antiquité gréco-romaine. Se plaçant sous les auspices de Mère Nature, la Renaissance sous Macron II est donc moins historique qu’écologique. Le contraire aurait certes été surprenant, venant de celui qui souhaite « déconstruire l’histoire de France » et nommer un prochain futur Premier ministre en charge de la « planification écologique ».
Ce nouveau nom est en réalité un ancien nom, celui de la liste LREM aux élections européennes emmenée par Nathalie Loiseau, une liste malheureuse qui fut battue par celle du Rassemblement National. À croire que « la start-up nation », peuplée de gens « qui sont tout » et qui évoluent dans « le cercle de la raison » et la mondialisation heureuse, est en panne d’idées pour être ainsi contrainte de se rabattre sur un nom de défaite. Enfin, rappelons que selon la formule consacrée de Marx, lorsque l’histoire se répète une deuxième fois, elle prend l’apparat d’une farce sordide. Haut les cœurs !