Alors que socialistes et insoumis se seraient entendus la nuit dernière sur une liste de 70 circonscriptions, Carole Delga, rivale d’Olivier Faure et influente présidente de Région, inaugurait une exposition consacrée à Cabu. Réunis en conseil national demain, les socialistes vont-ils vendre leur âme au diable en s’alliant avec des islamo-gauchistes? Que fera alors Madame Delga?
A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, la très charismatique présidente de la Région Occitanie Carole Delga a inauguré, mardi, le lancement d’une exposition rendant hommage à Cabu, le dessinateur du magazine satirique Charlie Hebdo, mort sous les tirs de kalachnikov des frères Kouachi, le 7 janvier 2015.
L’exposition, intitulée « le rire de Cabu », et qui se tiendra jusqu’au 19 juin, propose à l’hôtel de Région de Toulouse et sur le parvis de l’hôtel de région de Montpellier près de 400 caricatures du dessinateur, connu pour son impertinence chevillée au crayon.
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Est-on légitime à être socialiste et à cette exposition ? Oui, mais…
« Pas de limite à l’humour qui est au service de la liberté d’expression ! », c’est par cette phrase emblématique de Cabu que s’ouvre cette rétrospective. Mais, qui dit liberté d’expression dit courage de porter haut et fort ses convictions. C’est ce qu’a toujours fait, avec un certain courage, l’élue socialiste qui après la décapitation de Samuel Paty avait carrément décidé de projeter sur les façades des deux hôtels de Région des caricatures, bravant le risque encouru par tous ceux qui s’aventurent à se moquer du prophète ou à critiquer l’islam. Avec son accent gorgé de soleil, la voix de Carole Delga avait alors tonné : « Le premier des dangers, c’est l’affaiblissement de la République. On ne peut pas reculer, on ne peut pas avoir de faiblesse, de compromission vis-à-vis de ces actes qui relèvent de l’intégrisme ou du fanatisme. »
L’élue socialiste n’a pas bougé d’un iota. Aujourd’hui, à l’heure où le Parti socialiste (PS) est sorti de la tambouille des négociations avec la France insoumise (LFI) – où le point de blocage n’était pas tant la défense de valeurs qui lui reste, mais le partage du gâteau des circonscriptions – Carole Delga persiste et signe, dans un tweet enlevé : « Il ne peut y avoir d’arrangement avec la liberté d’expression, de conscience ou la laïcité. »
Carole Delga est une battante, qui croit à ce qu’elle défend. Lors du 2ème tour des régionales, en juin 2021, elle avait déjà écarté toute fusion avec LFI et EELV, et remporté haut la main et pour la deuxième fois consécutive la Région Occitanie, avec 58% des suffrages, écrasant ces adversaires frontistes et LR.
Le mauvais troc des socialistes
Celle qui fut un temps érigée comme un rempart au délitement du Parti socialiste au niveau national ne peut cautionner le ralliement de sa famille politique, qui fut traditionnellement ancrée dans l’universalisme de la République sociale et laïque, à la gauche communautariste de Jean-Luc Mélenchon.
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Ce serait pactiser avec un parti qui a participé à la « marche contre l’islamophobie », parrainée par des organisations islamistes proches des Frères musulmans – comme le CCIF, désormais dissous ; un parti qui est encensé par l’indigéniste Houria Bouteldja qui écrivait au lendemain des attentats contre l’école juive de Toulouse Ozar Hatorah « Mohamed Merah c’est moi et moi je suis lui » ; et qui considère désormais le leader des Insoumis comme un « butin de guerre » et se targue d’avoir converti « le laïcard de dingue » en bon petit soldat du communautarisme. Ce serait s’entendre avec un parti qui prévoit d’investir le journaliste militant Taha Bouhafs, condamné pour injure publique en raison de l’origine après avoir qualifié la policière syndicaliste Linda Kebbab « d’Arabe de service ».
Lâches compromissions
Pour conserver leurs sièges dans l’hémicycle, le PS serait donc sur le point de troquer « Touche pas à mon pote » par « Touche pas à mon poste ».
Devant ces lâches compromissions, Carole Delga répond par un tonitruant « je suis Charlie », sans bougie ni nounours, mais en manifestant ses convictions. L’élue socialiste incarne encore cette gauche qui est hélas en état de mort cérébrale depuis qu’elle a abandonné son électorat historique : les catégories populaires, « les gens ordinaires » comme dirait Orwell et comme le rappelle Elisabeth Lévy dans son édito, pour aller séduire la France de la diversité et substituer aux luttes sociales historiques des combats sociétaux douteux.
Devant cet accord de principe que vient de sceller le PS et LFI la nuit dernière, Carole Delga n’a donc pas d’autre choix que de rentrer en dissidence !
Ce serait son chant des partisans, sa façon à elle de dresser le cordon sanitaire de l’humour français contre la corruption de l’âme du socialisme par l’extrême gauche communautariste et islamophile.