Accueil Édition Abonné Robert Ménard: «Je préfère cinquante ans de Macron à un an de guerre civile»

Robert Ménard: «Je préfère cinquante ans de Macron à un an de guerre civile»

Grand entretien avec le maire de Béziers


Robert Ménard: «Je préfère cinquante ans de Macron à un an de guerre civile»
Robert Ménard © Joel Saget / Afp

Finis les excès verbaux, les slogans et les affiches chocs. Le maire de Béziers a changé. S’il a soutenu Marine Le Pen, par fidélité, cela ne l’empêche pas de saluer certaines actions d’Emmanuel Macron. Soucieux de montrer le chemin de la réconciliation nationale, Robert Ménard s’arme de sagesse et de bienveillance.


Causeur. À en juger par vos récentes déclarations, vous avez changé. Pouvez-vous expliquer cette évolution ?

Robert Ménard. Je me « gargarise » un peu moins ! J’ai été journaliste pendant plus de trente ans et, quand on est journaliste, on aime les mots, et plus encore les bons mots, parfois au détriment de ce qu’on voit et pense réellement. Je suis arrivé à la mairie avec le goût du slogan et de l’affiche choc. Et je me suis aperçu que ça blessait des gens. Or quand on est journaliste, on n’a pas affaire aux gens ! Quand on a envoyé son article, neuf fois sur dix, on ne revoit plus jamais les personnes dont on parle. Au contraire, un maire vit au jour le jour avec les gens, il les croise en bas de chez lui. Et puis être maire vous confronte à la complexité des choses, on voit que c’est difficile d’agir sur le réel. Finalement, j’ai réalisé que j’aimais les gens plus que les idées.

En somme votre évolution porterait seulement sur la forme ? On a tout de même le sentiment que sur les sujets comme l’immigration, vous vous êtes un peu déplacé. Vos idées ont-elles changé ou les exprimez-vous moins brutalement ?

J’ai réalisé que ça ne servait à rien de rajouter du malheur au malheur. Parfois, mes excès couvraient des attitudes ou des propos dont je ne suis pas très fier : je pense à cette affiche où on voyait des migrants qui semblaient s’en prendre à notre cathédrale et dont la légende était « Vous n’êtes pas les bienvenus ». Je mesure à quel point la tentation d’être applaudi fait dire de mauvaises choses, que l’on peut toujours justifier intellectuellement mais dont on sent que ce n’est pas bien. Je ne cherche pas à faire de la poésie, mais pris dans une espèce de plaisir à provoquer, à être repris par mes ex-confrères, j’ai sans doute oublié une certaine prudence qui n’est pas forcément synonyme de lâcheté ou de compromission, mais peut-être d’un peu de sagesse.

Certes, il y a les phénomènes que l’on peut dénoncer et les individus qui en sont les agents inconscients. Considérez-vous encore que l’immigration et l’islam identitaire sont un combat prioritaire pour notre pays ?

Oui, mais je sais aussi que les migrants n’arrivent pas massivement avec la volonté d’islamiser le pays. Récemment, pendant une visite d’un quartier dit « difficile », une maman musulmane m’a expliqué qu’elle avait inscrit sa fille à l’école Notre-Dame et que ça lui coûtait 200 euros par mois.


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Mai 2022 - Causeur #101

Article extrait du Magazine Causeur




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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