Emmanuel Macron n’a pas su lutter contre l’islamisme. Au lieu d’imposer des mesures radicales pour stopper cette idéologie djihadiste qui gangrène notre société, le « en même temps » présidentiel l’a laissé prospérer.
Depuis les attentats islamistes de mars 2012, commis par Mohammed Merah, l’opinion publique française cherche, avec civisme et retenue, à comprendre les ressorts de la violence islamiste, à trouver les mots justes pour nommer le mal et le combattre, par les seuls moyens dont dispose notre démocratie éprouvée.
Bilan d’une décennie fatale
En dix ans, au rythme des attaques au couteau, des véhicules-béliers et des tirs à la kalachnikov au cri d’« Allahou akbar », on a lu toutes sortes d’analyses – thèse fumeuse du « loup solitaire », psychiatrisation de prétendus « déséquilibrés » –, pour converger difficilement vers la thèse plus réaliste du « djihadisme d’atmosphère », avancée par Gilles Kepel. Toutefois, ces délires islamo-gauchistes ont la peau dure, refusant par idéologie ou clientélisme de constater la « radicalisation de l’islam » dans bien des territoires – Roubaix, Tourcoing, Grenoble, Trappes, Stains, Denain, Liévin, Lille, Nice, Décines, Mulhouse, Dijon, Béziers, Lunel, Besançon, Bordeaux, Valence, Lyon, Le Havre, Saint-Denis, Maubeuge et j’en passe.
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À la veille de l’élection présidentielle, le thème de l’islam (refoulé par l’invasion de l’Ukraine) s’impose avec force. Et pas seulement parce que des candidats de droite, en particulier Éric Zemmour, en parlent ouvertement. Si les citoyens français n’opposent pas encore la violence à la violence malgré les attaques, les provocations et les intimidations, ils n’en sont pas moins inquiets de ce que pourrait être le visage culturel de la France de demain. Ils le font savoir. Il faut agir avant qu’il soit trop tard. Il suffirait d’un Bataclan à l’envers, d’un Christchurch quelque part dans l’Hexagone, pour que tout bascule. Le risque de la guerre civile, déjà en gestation pour autrui sur le sol français, est à prendre très au sérieux. D’autant que cet « autrui » est désormais connu, identifié et nommé.
Les candidats aux prochaines élections (présidentielle et législatives) doivent prendre l’engagement de terrasser ce mal à la racine. Il ne s’agit pas seulement de surveiller et contrer le « djihadisme d’atmosphère » mais, plus globalement, de s’attaquer à sa matrice nourricière et son réseau associatif : l’islamisme d’atmosphère. On ne peut que regretter le temps perdu durant les deux mandatures précédentes. Il a fallu attendre le 25 avril 2019, presque à mi- mandat, pour que le président de la République s’exprime, enfin, sur la laïcité. Ce jour-là, Emmanuel Macron a promis d’être « intraitable » face à « l’islam politique qui veut faire sécession avec notre République ». Le président a trouvé des mots justes pour réaffirmer son plein attachement à la loi de 1905. Le ton grave, il a, enfin, nommé l’islam politique et pointé du doigt le communautarisme qu’il engendre et la sécession qu’il risque d’entraîner.
Cependant, « en même temps » et malgré les alertes, son parti, à l’approche des municipales de 2020, s’est laissé infiltrer par de jeunes islamistes redoutables qui ont fait perdre le Nord au Parti socialiste, notamment dans le Denaisis et dans le Valenciennois. Le 29 mai 2019, son ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a rompu le jeûne du mois de ramadan, dans le fief d’un frère musulman établi à Strasbourg, en terre concordataire. Pis, Emmanuel Macron lui-même et son Premier ministre, Édouard Philippe, étaient bel et bien annoncés en ouverture et en clôture de la Conférence internationale de Paris pour la paix et la solidarité, qui s’est tenue au palais Brongniart le 17 septembre 2019. Cette conférence était organisée par la LIM (Ligue islamique mondiale) un puissant outil islamiste prosélyte, créé en 1962, avec l’appui de l’Arabie saoudite, par une coalition fréro-salafiste transnationale à laquelle appartenait un certain Saïd Ramadan, gendre d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, et père des sulfureux Hani et Tariq Ramadan.
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Au cours de l’année 2020 (marquée par le début des restrictions démesurées des libertés individuelles pour cause de Covid), les services de renseignement ont pu, fort heureusement, neutraliser et déjouer plusieurs attentats terroristes mais le bilan reste lourd à Villejuif, Romans-sur-Isère, Colombes, Conflans-Sainte-Honorine ainsi qu’à la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice. En 2021, l’attentat au commissariat de Rambouillet a de nouveau posé la question de la relation entre l’immigration maghrébine et/ou subsaharienne et l’islamisme qui tue. « Le risque zéro n’existe pas. » On connaît la chanson.
Le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron est donc en dessous des attentes alors que la situation exige des mesures radicales pour déraciner, à court terme, l’idéologie islamiste du terreau français. Certes, il y a eu le discours présidentiel du 2 octobre 2020, aux Mureaux, sur le thème de la lutte « contre les séparatismes », ainsi que celui du 21 octobre 2020, prononcé à la Sorbonne lors de l’hommage national à Samuel Paty. Il y a eu son explication devant un journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazeera, le 31 octobre 2020. On a mis en place une Charte des principes pour l’islam de France, fermé quelques mosquées dites « salafistes », dissous quelques associations, comme Baraka City et le CCIF, et expulsé quelques imams radicaux – mais pas tous. Dix mois après la décapitation du professeur Samuel Paty, on a voté et promulgué la « loi du 24 août 2021, confortant le respect des principes de la République ».
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Toutefois, l’exécutif macronien continue sur la voie pernicieuse du « en même temps », en mettant en place une nouvelle instance dite représentative de « l’islam de France », à travers un nouveau forum, le Forif, remplaçant feu le CFCM. Au vu de sa composition et de ses axes d’action connus à ce jour, cet organisme s’inscrit dans la continuité du projet islamiste global, mais sous un aspect à dessein plus disséminé et plus décentralisé. On notera la présence en son sein de nombreux activistes fréro-salafistes, connus des services de l’État ; leurs fédérations de tutelle quadrillent toujours l’Hexagone, de Paris à Marseille, de Lille à Lyon, de Strasbourg à Bordeaux. Ils infiltrent le Forif et ses antennes départementales au service de la maison-mère de l’hydre islamiste, les Frères musulmans, qui, curieusement, n’a été ni dissoute ni interdite par Emmanuel Macron et par son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Cerise sur le gâteau, la majorité LREM à l’Assemblée nationale, soutenue par une partie du gouvernement, a refusé un amendement du Sénat visant à interdire les signes et tenues religieux ostentatoires « lors des compétitions sportives organisées par les fédérations sportives » Les « hidjabeuses » peuvent jubiler !
Pour un nouveau paradigme
Face à l’islamisme, les demi-mesures sont néfastes. Ce contre-projet culturel et civilisationnel œuvre d’arrache-pied pour désunir la France et déconstruire sa civilisation millénaire judéo-chrétienne et gréco-romaine, pour la remplacer, ou du moins, pour la concurrencer par un autre récit identitaire qui n’a plus besoin de se dissimuler derrière le slogan fumeux du « vivre-ensemble ». Ce ne doit pas être un défi à relever parmi d’autres, mais une priorité absolue.
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Il faut impérativement changer de paradigme et de stratégie dans la lutte contre l’hydre de l’islam politique. L’État n’a plus à se soucier de la mise en place ou de la structuration du mal nommé « islam de France ». Son devoir est de protéger les Français, tous les Français. Cela implique de neutraliser et dissoudre jusqu’à la dernière petite structure des forces islamistes qui agissent en réseau, parfois en toute impunité, souvent avec la complicité d’élus et de hauts fonctionnaires. Les citoyens français de confession musulmane n’ont jamais donné mandat aux élus de la République, que ce soit au plan local ou national, pour structurer l’islam ou choisir leurs prétendus « représentants ». Les citoyens français de confession musulmane sont d’abord des citoyens et, à ce titre, leurs représentants sont les élus de la République. Une évidence.
La méconnaissance de la nature même de l’islam, une religion sans papauté, sans rabbinat, sans Églises, a conduit l’État à une succession d’erreurs d’appréciation et d’action. Les gouvernements successifs, du Corif au Forif, de 1990 à 2022, de Pierre Joxe à Gérald Darmanin, pensaient et pensent toujours, à tort, que « la » solution est d’offrir aux citoyens français musulmans « une structure représentative » de l’islam qui ferait émerger des « interlocuteurs officiels », sur le modèle du Consistoire juif. Ces tentatives n’ont abouti qu’à renforcer et notabiliser, d’un côté, les représentants des islams consulaires, algérien, marocain et turc, et de l’autre, les intégristes fréro-salafistes pilotés et télécommandés depuis l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït et la Turquie.
Pire, force est de constater que depuis 1990, la violence djihadiste s’est répandue sur tout le territoire au même rythme que les revendications séparatistes liées au voile à l’école et à l’université, au burkini sur les plages, aux créneaux non mixtes dans les piscines, au « hallal » dans les cantines scolaires et aux carrés musulmans dans les cimetières. Et ce sont bel et bien des composantes du CFCM, des Frères musulmans se tenant main dans la main avec des responsables de la Grande Mosquée de Paris, appuyés par une puissance étrangère, la LIM wahhabite saoudienne, qui ont, dès 2006 (puis en 2012), accroché des cibles dans le dos des journalistes de Charlie Hebdo, avant que les frères Kouachi finissent la tâche mortifère, un 7 janvier 2015.
La tenaille islamiste
La République nourrit le monstre qui s’apprête à la dévorer. Par aveuglement, elle s’est laissé prendre entre les deux mâchoires d’une tenaille islamiste puissante : la branche politique et la branche djihadiste sont attachées l’une à l’autre par le même axe idéologique. Le front office de la diplomatie religieuse des monarchies pétrodollars se sert, au besoin, du back office djihadiste pour consolider ses acquis, entretenir la terreur et exercer un chantage implicite à la stabilité. Et le soft power de Mohammed bin Abdul Karim al-Issa, vient appuyer le « hard power » des réseaux terroristes d’al-Qaïda et du groupe État islamique, malgré les démarcations apparentes de circonstance. Cette tenaille islamiste connaît les failles du système. Le 14 juillet 2016, le jour de la fête nationale, le terroriste islamiste tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel fonce avec un camion-bélier sur une foule à Nice tuant 86 personnes. Un mois plus tard, c’est une affaire du burkini islamiste, sur une plage de Nice, qui défraye la chronique grâce au concours victimaire de la LDH islamo-gauchiste et du CCIF fréro-salafiste…
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L’État français, comme tétanisé, n’apprend pas de ses erreurs. Instaurer une autorité islamique de tutelle comme le Forif au sein de la République, c’est aider volontairement le Qatar et l’Arabie saoudite à influencer davantage les citoyens musulmans pour les transformer en une sorte de cinquième colonne. Au contraire, la France doit soutenir l’émancipation des Français de confession musulmane, sunnites comme chiites. L’islam en France doit connaître son moment Spinoza.
Aucune structure officielle ne peut être le porte-parole des Français musulmans. Aucune structure religieuse ne saurait être un corps intermédiaire entre l’État et les citoyens français musulmans. Qu’il faille un organisme indépendant pour gérer le mobilier et l’immobilier du culte musulman, fort bien, mais certainement pas un conseil ou un forum pour dire le dogme, surveiller la morale et dicter les règles canoniques de la « charia des minorités ».
La première réponse est régalienne
Le monde arabe regarde la France. Si depuis plusieurs siècles, des théologiens et juristes musulmans ont usurpé le pouvoir du politique pour asservir les peuples, le monde arabe se défait sous nos yeux, petit à petit, avec courage et détermination, des jougs de l’islamisme et de la pression des imams. Les « musulmanités » sont en train de remporter des batailles, l’une après l’autre, face à l’islamisme. Là-bas, y compris en Arabie saoudite, l’émancipation est en marche. Instaurer une autorité islamique en France, c’est offrir une assurance-vie à l’islam politique.
Le devoir de l’État, c’est de sanctionner les imams sulfureux, pas de former les imams, ni de leur donner des « certificats de laïcité », ni de fermer les yeux quand la LIM wahhabite saoudienne leur fait signer ses chartes et mémorandums inspirés du Coran et encore moins de lui offrir une succursale made in France à Lyon. Le devoir de l’État, c’est d’appliquer la loi garantissant le caractère laïque des cimetières municipaux, pas de faciliter aux islamistes l’accès à des « carrés musulmans » et faire ainsi triompher le séparatisme même après la mort. C’est aussi d’interdire la maltraitance de tous les enfants, en interdisant et pénalisant le voilement des fillettes et les mutilations génitales, circoncision comme excision, pas de garantir la « sécurité spirituelle » des Français musulmans.
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Face à l’islam politique, l’État doit assumer sans trembler ses devoirs régaliens. Sa stratégie devra être construite autour du triptyque : surveiller, isoler, sanctionner. La première réponse est, sans conteste, d’ordre sécuritaire. Tout ce que le droit permet doit être fait. Et si l’état actuel du droit comporte encore des failles, le législateur doit les combler. En France, si en nombre absolu, les islamistes sont minoritaires, leur récit idéologique identitaire, lui, bénéficie d’un quasi-monopole dans presque toutes les mosquées et dans la majorité des familles musulmanes, ce qui ne facilite pas la tâche aux services de l’État : toute attaque contre l’islamisme est très vite instrumentalisée par le réseau fréro-salafiste national et transnational comme une attaque contre l’islam et contre les musulmans. Au lieu de faire le procès de l’islamisme, on fait le procès de la France.
Par conséquent, l’État français doit laisser les Français, musulmans ou non, s’occuper des débats d’idées pour faire bouger les lignes d’un islam en crise existentielle. La République n’a pas à se soucier de l’avenir de l’islam, de la formation des imams ou des coûts d’entretien des mosquées-cathédrales. Si cette religion devait perdre des fidèles ou même disparaître, si une pénurie d’imams pointait son nez, eh bien qu’il en soit ainsi. La République n’a pas à être le gardien du temple islamique.
La deuxième réponse est sociétale
Il est évident que l’État seul ne peut pas grand-chose face à l’islamisme sans l’implication véritable des trois pouvoirs démocratiques, de toutes les institutions régaliennes, des organisations gouvernementales et non gouvernementales, ainsi que des forces de la société civile et de l’économie, bref, de toute la société. C’est l’affaire de tous.
Si l’islamisme est une somme de ruptures par rapport à la société française occidentale qu’il maudit, il est surtout la convergence silencieuse de toutes les continuités souterraines de la société de remplacement qu’il construit.
Le séparatisme islamiste, prêché lors des sermons de vendredi, trouve ses échos et ses représentations dans le voile d’une élève-avocate à l’école de formation des barreaux de Paris, dans le fichu sur la tête d’une candidate de l’émission « The Voice » sur TF1, dans le CNRS qui se laisse infiltrer par l’idéologie islamo-gauchiste, dans le burkini sur des plages de Nice, dans les créneaux non mixtes dans des piscines à Grenoble, dans le « hijab-running » de Decathlon, dans les produits de la finance islamique du Crédit agricole, dans le refus d’un rappeur bling-bling converti à l’islam de souhaiter « bonne année » aux Français, dans les rayons « hallal » qui pullulent dans les grandes surfaces, dans les menaces contre des enseignants peu soutenus par leur hiérarchie, dans les poupées sans visage à Roubaix…
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D’ailleurs, l’analyse attentive des raisons de l’émergence de territoires conquis par l’islamisme, à Roubaix ou à Trappes, conduit à observer plusieurs facteurs concomitants : une masse démographique de musulmans, un ou plusieurs lieux de culte, des financements opaques, des élus clientélistes, une presse locale aux abonnés absents ou pire, complaisante, des représentants d’autres confessions prêtant leur caution morale aux islamistes par le biais du dialogue interreligieux, des acteurs économiques qui s’adaptent à la demande communautariste, des dealers de drogue qui font régner la peur dans les halls d’immeuble, une police nationale et/ou municipale empêchée par des injonctions administratives contradictoires… En somme, une mécanique infernale qui, au lieu d’assécher les sources de l’islamisme, apporte de l’eau à son moulin.
Évidemment, l’État et la société ne peuvent rien sans l’implication franche et audacieuse des citoyens français de confession musulmane qui disent rejeter l’islamisme. L’islamisme ne vient pas de nulle part. Il a structuré le récit dominant de l’islam et ses sources scripturaires depuis le 8 juin 632, la nuit de la mort de Mahomet, à tel point que l’on ne sait pas précisément ce qui différencie l’un de l’autre, tellement ils se confondent. Ce n’est pas la République qui fait l’amalgame entre islam et islamisme. Ce ne sont pas les citoyens français qui font l’amalgame entre islamistes et concitoyens musulmans. Ce sont hélas ces derniers qui sont les vrais acteurs et les premiers responsables de tous les amalgames.
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L’islamisme structure ladite « communauté » musulmane en France depuis plus d’un demi-siècle. C’est dans le vivier démographique français musulman, en croissance continue, que l’islamisme enracine son idéologie, recrute ses activistes, assure sa relève, finance ses projets séparatistes, remplit ses mosquées, trouve de l’écho à ses revendications, rend visible ses marqueurs identitaires et fait du chantage à la stabilité de notre nation.
L’islamisme n’est debout que parce que les Français musulmans le servent activement et passivement, par l’action comme par l’inaction. Vont-ils accepter que le combat pour la France soit mené sans eux ? Il est minuit moins deux. Mes concitoyens de confession musulmane ont rendez-vous avec l’Histoire, ici et maintenant.