Chronique de la guerre civile en France de Richard Millet rassemble les textes qui lui ont valu une fatwa germanopratine.
Tout est résumé par le titre du nouveau livre de Richard Millet, victime de l’ostracisme de la meute du Bien, depuis maintenant 12 ans, Chronique de la guerre civile en France.
L’ouvrage contient certains écrits de combats déjà publiés, dont le fameux Eloge littéraire d’Anders Breivik, qui servit de prétexte à l’insignifiant monde littéraire germanopratin pour exclure l’un de ses meilleurs écrivains, au style puissant, mais aux constats jugés nauséabonds. Il ne faut jamais remettre en question la doxa mondialiste, égalitariste, répandant sans vergogne et à la vitesse grand V l’idéologie gender woke, qui ne poursuit qu’un but : détruire la culture occidentale fondée sur les valeurs de Jérusalem et d’Athènes, via le catholicisme.
Millet a payé le prix fort, puisqu’on l’a tué socialement. Mais l’esprit veille encore et parvient à poursuivre la guerre culturelle pour tenter de préserver la langue, la mémoire et l’identité française. C’est un travail de solitaire et de taiseux. L’homme est né dans une province rude où l’on a appris, très tôt, à se taire à table, à observer le soleil se coucher, et à serrer les dents lorsque le mal frappait à la porte de la maison familiale de Viam, en Corrèze.
Humiliante éviction
Dans sa préface (inédite), Millet revient sur l’affaire « Breivik » (2012) et la cabale des nouveaux dévots. Il cite le nom des journalistes vertueux, toujours les premiers à donner des leçons de tolérance, qui ont ouvert le feu, soutenus aussitôt par Annie Ernaux, réincarnation de McCarty, qui ose s’écrier « Gallimard, c’est moi ! ». Elle dénonce l’écrivain, et fait signer une liste noire où s’indignent 121 romanciers progressistes bon teint, pour la plupart inconnus (que ne ferait-on pas pour obtenir la Légion d’Honneur et une invitation lancée par un présentateur « littéraire » de télévision).
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Millet comprend qu’il ne s’en tirera pas. L’auteur de Ma vie parmi les ombres, également éditeur (il siégeait au prestigieux comité de lecture de Gallimard) doit quitter la place publique qu’il occupait du reste discrètement. Il raconte avec précision l’humiliante éviction, livrant au passage quelques éléments autobiographiques émouvants, ce qui est assez rare chez lui. Mais la genèse de l’histoire, Millet la dévoile sans détour : « Le récit de La Confession négative, en 2009, puis, l’année suivante, l’essai de L’enfer du roman, seront accueillis par un silence dont je voyais bien qu’il était dû autant à mon soutien aux chrétiens libanais, pendant la guerre civile de 1975-90, qu’à mes réflexions sur l’état de la France et sur une littérature contemporaine devenue généralement médiocre. » Il faut dire qu’écrire La Confession négative ne peut que vous attirer les foudres des pâles copistes sans talent.
Plus rien à perdre
Richard Millet, depuis cet éclair dans la nuit des lettres, ne fait qu’aggraver son cas. Ou plutôt comme le réel cogne de plus en plus fort, on en veut à l’écrivain d’oser dévoiler l’insupportable vérité. Sur un plateau de télévision, il évoque « l’angoisse existentielle suscitée par le fait d’être le seul blanc, à certains moments, dans le RER ». Les bobos lobotomisés s’offusquent, crient au racisme, certains vont même jusqu’à affirmer que c’est avec joie qu’ils empruntent ce moyen de transport, oubliant soudain vélos et trottinettes. Millet poursuit : « Écrire, pour les auteurs contemporains, consiste à s’aveugler et à se censurer pour mieux réciter le catéchisme antiraciste. »
N’ayant plus rien à perdre, puisque ange déchu d’un paradis inversé, Millet récidive en écrivant Voyage à Créteil (inédit) où il enfonce le clou. Il prend la ligne 8 pour se rendre dans les bureaux d’une administration gérant la « fin des parcours de vie », comprenez la retraite, celle de professeur pour le pestiféré. Il est frappé « par l’irréversibilité et l’ampleur d’une immigration extra-européenne qui faisait de moi, ce jour-là, souligne-t-il, une exception ethnique, intellectuelle et religieuse, violemment renvoyé à une identité dont il avait fallu des siècles pour forger la perfection (…) ». À partir de ce nouveau constat, accablant, Millet analyse méticuleusement la situation où nous sommes, ou plus précisément, les ruines devant lesquelles le vertige nous saisit. Car la dislocation de notre civilisation est vertigineuse. Le simulacre de l’immigration positive, de l’excellence de notre système éducatif, du « vivre-ensemble », ne tient plus qu’à un fil. Millet, implacable : « C’est pourtant à une situation historique inédite que nous avons affaire, et qui n’est pas la fin du monde et la naissance d’un autre, comme l’a vécu Chateaubriand, à la fin du XVIIIe siècle, mais une grossesse extra-utérine présentée comme culturellement viable alors qu’elle n’est qu’une déchéance de l’humain dans l’ ’’humanité’’ politique, universalisme aussi faux que l’islamique… » Nous sommes réduits à ne plus être que des « morts-vivants » soumis au consumérisme, dépossédés de notre passé, sans autre avenir que l’ennui à perte de vue, rongés par la déréliction, sous un soleil vert.
On trouvera trois autres textes, jamais publiés en France, dans ce livre, véritable bombe portative. J’ai lu avec émotion Chrétiens jusqu’à la mort. Peut-être parce que je rédigeais cet article le dimanche des Rameaux – écrire sur Millet ce jour-là, c’est un signe. Parce que, également, comme le rappelait Benoit XVI, pape érudit et musicien, il y a quelques années, les chrétiens constituent le peuple religieux « en butte au plus grand nombre de persécutions ». La Croix, figuration de la verticalité, à l’opposé de l’horizontalité qu’on nous vend à longueur de morne journée. Dans ce texte, on retrouve le style inspiré de l’écrivain, comparable à celui de Malraux dans La Tentation de l’Occident, Malraux dont l’intervention protégea la famille de Millet du pillage des maquisards communistes, en 1944. Extrait, à propos du silence sur les persécutions des chrétiens : « Oui, il est effrayant le grand silence qui règne sur cette question dans une Europe pourtant prêtre à s’indigner pénalement du moindre regard jeté de travers à un ‘’migrant’’ ou un membre d’une minorité ethnique ou sexuelle ». Millet ajoute en guise de péroraison : « Ce silence n’est pas seulement éthique ou politique : il y va, redisons-le, de ce qu’on appelle la civilisation, et les flots qui se refermeront un jour sur les belles âmes indifférentes leur tiendront lieu de larmes. »
Nous serons demain, c’est à craindre, comme les ormes de mon enfance limousine, totalement disparus.
Richard Millet, Chroniques de la guerre civile en France, 2011-2022, La Nouvelle Librairie.
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