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«Depuis 40 ans, la France se couche devant le pouvoir algérien»

Entretien avec Jean Sévillia, auteur de "Les Vérités cachées de la guerre d'Algérie" (Tempus, 2021)


«Depuis 40 ans, la France se couche devant le pouvoir algérien»
Jean Sévillia © J.-Ph. Baltel

Samedi, les commémorations du 60e anniversaire des accords d’Évian risquent d’être une énième démonstration du « en même temps » mémoriel d’Emmanuel Macron. Ses contorsions ne mettront pas fin à la politique de culpabilisation imposée par Alger.


Il y a soixante ans, après huit années de guerre, les Français d’Algérie étaient arrachés à leur pays suite aux accords d’Évian. Alors que l’Algérie instrumentalise l’histoire et que l’accord apparaît rétrospectivement comme un fiasco politique, le président Macron participera à la commémoration du 19 mars 1962 sous une forme « conçue spécifiquement pour notre époque », annonce l’Élysée.

Causeur. À quoi doit-on s’attendre de la part d’Emmanuel Macron pour les soixante ans des accords d’Évian ?

Jean Sévillia. Depuis son élection, Emmanuel Macron ne donne pas de vision cohérente de la guerre d’Algérie. Le président effectue des gestes mémoriels qui vont dans tous les sens. En septembre, il a demandé pardon aux harkis qui ont été abandonnés, et une loi de reconnaissance et de réparation a été votée en dernière lecture par le Sénat le 15 février. C’est son côté « Algérie française » ! Au mois d’octobre, il qualifiait de « crimes inexcusables pour la République » la répression à Paris de la manifestation interdite du FLN du 17 octobre 1961 – laquelle avait été assez violente même s’il y a contestation sur les chiffres de la part des historiens – et rendait hommage aux victimes. Il versait alors dans le mémoriel pour le camp indépendantiste, en quelque sorte. Au mois de janvier, il a reçu à l’Élysée des associations représentant les Français d’Algérie et il a reconnu les événements très importants au plan mémoriel pour les pieds-noirs que sont la fusillade de la rue d’Isly, à Alger le 26 mars 1962, et le massacre d’Oran du 5 juillet 1962, jour officiel de l’indépendance. Avant d’être élu président de la République, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». Donc ce qu’il va dire à propos des soixante ans des accords d’Évian, je n’en sais strictement rien. L’Élysée annonce un discours, mais pour ce qui concerne la cérémonie, ce n’est pas très précis pour l’instant.

Benjamin Stora et Emmanuel Macron, janvier 2021 © Christian Hartmann/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22544838_000001


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Mars 2022 - Causeur #99

Article extrait du Magazine Causeur




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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