Aveuglés par des idéologies opposées, la Russie et l’Occident oscillent entre guerre et dialogue de sourds. Le camp du Bien, défendu par Washington et l’Union européenne, ne conçoit pas que Moscou puisse s’opposer à l’expansion de l’OTAN.
L’affrontement entre l’Occident et la Russie est un choc entre deux visions irréconciliables du monde, l’une idéologique, l’autre réaliste. Ce choc explique la spirale vicieuse dans les rapports Est-Ouest qui, entamée depuis au moins 2014, vient de conduire à une guerre en Ukraine et risque de continuer à dégénérer pendant les années à venir.
Deux visions séparées par un gouffre
Idéologue, l’Occident l’est depuis la fin de la guerre froide. Succombant à l’illusion mégalomane d’avoir accompli la fin de l’Histoire, l’Occident est obsédé depuis trente ans par un mariage entre deux éléments. Le premier est le post-nationalisme d’une « construction » européenne qui reste tournée vers l’avenir afin de ne pas affronter un présent trop compliqué. Le second est une OTAN qui, pour ne plus être une alliance défensive protectrice de l’intégrité territoriale de ses membres, s’est réinventée comme une alliance agressive dont les valeurs et les objectifs sont « universels et perpétuels » – selon le texte de son « Concept stratégique » adopté en 2010 – et qui vise à être le défenseur et l’arbitre des droits de l’homme partout
