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Toi qui rougis au nom de Saint-Chinian


C’est donc pour la troisième année consécutive que Paco Mora, caviste à Ivry, organise le salon des « vins libres » et offre pour trois jours, au bout de la ligne 7,  dans ce qui reste de la banlieue rouge, la possibilité d’en boire. Mais on pourra aussi dès vendredi prochain, déguster du blanc ou même des bulles pour ceux qui préfèrent, chez ces nouveaux FTP (Francs tireurs de la picole) qui se réuniront autour de Mora. Pourquoi les « vins libres » ? Sans doute parce qu’on oublie qu’il y a  encore beaucoup trop de vins prisonniers dans les geôles du goût standardisé et des intrants chimiques, au point que ce qui faisait la typicité de leur terroir a été complètement oubliée.
Les « vins libres » proposés par Paco Mora retrouvent, eux, les règles ancestrales qui prennent aujourd’hui des noms un peu rébarbatifs pour le profane mais sonnent de manière enchanteresse aux oreilles du buveur rebelle : vins biologiques, biodynamiques ou naturels. Pour réconcilier écologie et ivresse,  décroissance soutenable et bonheur de vider des canons entre copains,  ces boutanches franches comme l’or du temps et ces quilles coquines comme une donzelle affranchie offrent une voie royale vers l’ivresse à l’ancienne, celle qui rend heureux sans faire mal à la tête à cause du souffre dont abuse trop souvent certains malfaisants qui confondent vinification et assurance tout risques.
Pour cette troisième édition, on aura l’impression de se promener dans un poème d’Aragon qui célèbre le vieux pays à travers la beauté de ses noms. Quelles sonorités sont plus françaises et rêveuses, en effet, que Giennois, Aubance, Bugey, Volnay, Gaillac, Montlouis…
Mais les FTP n’oublient pas que le vin naturel ne saurait connaître une seule patrie et c’est au nom d’un internationalisme bien compris que l’on pourra découvrir à Ivry Silvio Morando, anarchiste comme tous les vrais piémontais, lecteur de Mario Rigoni Stern, et qui produit logiquement une cuvée au doux nom d’Anarchico, histoire de découvrir un délicieux cépage, le grignolino del Monferrato Casalese.
À mon commandement ! Anjou ? Feu !

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