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Parmi les nombreuses raisons de déplorer la guerre en Ukraine, il y a le fait que, à cause d’elle, la guerre de l’Élysée n’aura pas lieu. Si l’on peut comprendre l’union sacrée autour de Macron, chef d’État devenu chef de guerre, il est en revanche fâcheux que l’élection présidentielle soit de facto confisquée. Ainsi, le président sortant n’aura ni à s’expliquer sur son bilan, ni à exposer son programme. Les conséquences de l’invasion de l’Ukraine pour notre système politique ne sont pas négligeables, car, selon Élisabeth Lévy, « la démocratie que nous nous rengorgeons de défendre là-bas est au bas mot assoupie ici. » Chez les candidats à la présidentielle, selon Stéphane Germain, il y a un aveuglement symétrique qui permet aux progressistes de ne dénoncer que la brutalité des dictateurs et à la droite nationale de se focaliser sur celle des banlieues. Mais tandis que l’extrême gauche, anticapitaliste et anti-occidentale, assimile la force employée par Poutine à celle des black blocs ou des Frères musulmans, Zemmour et Le Pen soutiennent moins Poutine qu’ils ne blâment les renoncements occidentaux. Quant à la campagne russe, Gil Mihaely raconte comment le chef du Kremlin s’est piégé lui-même. Vladimir Poutine a sous-estimé la résistance des soldats ukrainiens et la détermination occidentale. Sur le terrain, ses soldats ont déjà perdu la guerre des images. Selon l’analyse de l’historien et militaire, Michel Goya, l’armée russe n’est pas à la hauteur des ambitions de son chef suprême. Failles opérationnelles et erreurs stratégiques pourraient faire revivre à la Russie ce qu’elle a connu en Syrie. Pour l’historien et journaliste, Mériadec Raffray, officier de réserve, l’OTAN a une part de responsabilité pour cette guerre. Au lieu de saisir la main tendue par la Russie au début des années 2000, elle a multiplié les provocations stratégiques. En revanche, Bruno Tertrais, spécialiste de l’analyse géopolitique et stratégique, maintient que l’OTAN ne menace pas la Russie. Ce qui inquiète Moscou, c’est l’insolente longévité et la bonne santé de l’Alliance atlantique face à sa propre perte d’influence.
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L’éditorial d’Élisabeth Lévy pointe les réactions à la guerre des belles âmes des milieux politique, médiatique, intellectuel et show-biz en France. Ce que ces réactions ont d’exaspérant réside dans leur côté, non pas émotionnel – tout le monde a le cœur serré devant ce qui se passe en Ukraine – mais exhibitionniste. « Proclamer sa haine de Poutine quand le monde entier ou presque la partage, c’est jouer à la Résistance en toute sécurité. » Frédéric Ferney dresse le portrait de Fabien Roussel qui avait réussi à chasser l’ennui de la campagne présidentielle – un comble pour un communiste ! Richard Malka, l’avocat de Mila et de Charlie Hebdo, se confie à Élisabeth Lévy. Pour lui, la lutte contre l’islamisme a besoin que la gauche se ressaisisse des questions identitaires et, pour séduire les jeunes des banlieues, fasse revivre le rêve de liberté qu’offrent les valeurs de la République. Pourtant, comme le révèle Erwan Seznec, si tous les partis politiques en France sont frappés par la démagogie communautaire, c’est indiscutablement à gauche que les dérives islamophiles sont les plus graves. Cyril Bennasar nous fait le récit d’une réunion de militants zemmouriens à Paris où d’anciens fillonistes se mêlent à des marinistes déçus. Emballés par le candidat nouveau, ils fraternisent sans regrets pour leurs ex. Jean Sévillia, dont Les Véritées cachées de la guerre d’Algérie a paru en 2021, se confie à Martin Pimentel. On apprend que les commémorations de 60e anniversaire des accords d’Évian, le 19 mars, risquent d’être une énième démonstration du « en même temps » mémoriel d’Emmanuel Macron. Ses contorsions ne mettront pas fin à la politique de culpabilisation imposée par Alger. Directeur général de la Fondation Napoléon, Thierry Lentz revient sur l’année du bicentenaire de la mort de l’Empereur. Le succès des événements organisés prouve que les Français sont moins complexés que leurs dirigeants face à l’histoire. On peut compter sur Napoléon, même mort, pour infliger une défaite à la cancel culture.
La vraie culture est celle que personne ne peut « annuler ». Et notre rubrique « Culture et humeurs » est toujours là pour le prouver. Qui est mieux qualifié pour porter haut les valeurs de l’esthétique qu’Arielle Dombasle dont Yannis Ezziadi a recueilli les paroles ? Elle défend le paraître, car « paraître, c’est profond, c’est sculpter son être… c’est insolent et mignon. » Jérôme Leroy salue l’arrivée du dernier roman de Nicolas Mathieu, Connemara, pendant que Steven Sampson salue le départ du regretté écrivain et chroniqueur, Serge Koster. Se confiant à Jonathan Siksou, Benoît Duteurtre parle de son nouveau roman, Dénoncez-vous les uns les autres : pour imaginer la société de demain, il suffit d’exagérer – à peine – les travers de celle d’aujourd’hui. Joshua Cohen, interrogé par Steven Sampson, aborde avec humour l’identité juive américaine. Lorsqu’il confronte celle-ci au sionisme radical, cela donne un roman grinçant, Les Nétanyahou, qui vient de paraître en français. Pierre Lamalattie raconte la fin – prévisible et souhaitable – de la Foire internationale d’art contemporain de Paris, tandis que Jean Chauvet présente le cinéma français dans tout son éclat mensuel. Emmanuel Tresmontant a rencontré le génial barman, l’Anglais Colin Field, qui a ressuscité le bar Hemingway au Ritz il y a vingt-huit ans et qui en a fait « une poche de résistance civilisée. » Enfin, Cyril Bennasar a une légère différence d’opinion sur l’immigration par rapport à Éric Zemmour. Laquelle ? Et qui est-ce qui, selon lui, peut faire oublier aux Français leur Alice Coffin nationale ? Pour le savoir, il suffit de lire… Causeur !
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