L’éditorial de mars d’Elisabeth Lévy
Depuis le 24 février, le Mal a un visage, celui de Vladimir Poutine. Lancées dans une interminable édition spéciale, qui ne s’est interrompue que pour célébrer la mémoire de Jean-Pierre Pernaut, les chaînes de télévision n’ont pas relooké leurs plateaux aux couleurs de l’Ukraine – seul Yann Barthès a risqué le jaune et bleu, au moins n’a-t-il pas osé la pancarte « Je suis Zelensky ». Mais elles n’ont pas mégoté sur l’indignation, et encore moins sur l’émotion, mise en scène à grand renfort de regards graves, de voix étranglées et de témoignages poignants. Nous avons donc appris que la guerre, c’est terrible, mais que l’humain est plus fort que les armes, la preuve par cette petite Ukrainienne chantant un air des Choristes sur laquelle nous avons été sommés de nous attendrir.
Munies des bougies et drapeaux de circonstance, des milliers de personnes ont manifesté place de la République. Intellectuels et artistes n’ont pas chômé, rivalisant dans la pose martiale et le lyrisme un brin boursouflé. Tandis que les
