Plus que toute autre, la campagne présidentielle de 2022 constitue une sorte d’objet politique non identifié, prenant place dans un contexte à maints égards hors du commun et qui ne ressemble en rien à ce que l’on a pu connaître par le passé.
Le contexte mondial de deux années de pandémie pèse tout d’abord pour beaucoup dans cette impression d’évoluer politiquement dans un univers de joutes parallèles aux confins du réel dans lequel même des chiens-électeurs parviennent à trouver leur place et dont le principal intéressé s’arrange de toute façon pour ne pas avoir à y être vraiment présent ni y rendre des comptes : de toute façon, le « bloc élitaire » qu’il incarne travaille en quelque sorte tout seul pour lui, sans même qu’il ait besoin de mouiller la chemise, aussi bien que ledit bloc œuvrerait tout pareillement pour n’importe quelle autre de ses marionnettes/représentants. Estourbis par des mois de mesures sanitaires, de confinements, de restrictions, de changements profonds dans leurs modes de vie mais aussi et surtout de confiscation du débat public et de la prise de décision publique par quelques personnages ou cabinets de conseils-amis grassement payés -non issus de la représentation nationale et donc hors du champ démocratique – regroupés autour d’un exécutif très resserré lui-même doté d’un parlement croupion et des contrepouvoirs inexistants, les Français ne sont encore pas véritablement remis de tout ce que ces abdications antidémocratiques impliquent concrètement pour le présent et pour l’avenir en termes de gouvernance, de République, de gestion de la vie publique et de l’intérêt autrefois général désormais constamment bradé aux intérêts particuliers. L’ampleur prise et dramatisée à dessein par l’affaire ukrainienne ne fait que renforcer ce climat à la fois étrange et glauque dans lequel on fait tout pour rabaisser les mesures nationales à quelque menu fretin sans grande importance.
Une campagne atypique
Cette « drôle de campagne », à la manière de la drôle de guerre qui finalement n’eut pas vraiment lieu et conduisit à la défaite/abdication de la France (entre autres), se déroule par ailleurs après un quinquennat calamiteux de quelque point de vue qu’on tente de l’analyser. Calamiteux pour tous ceux qui n’étant pas du côté du manche n’en ont pas recueilli les gras et lucratifs bénéfices : ceux du bradage national, de la poursuite des abandons de souveraineté et de la vente du pays à la découpe.
Le raisonnement de Jérôme Sainte-Marie permet par exemple efficacement de répondre à la question que tout le monde se pose : mais qui sont ces éternels 25% de macronistes alors même qu’on en connaît si peu…
Quinquennat notamment marqué au fer rouge par la répression sauvage contre le mouvement social des gilets jaunes, assortie d’un mépris violent, hors du commun, et très véhémentement exprimé, délibérément radicalisé par le pouvoir à l’encontre des opposants, lequel mépris a trouvé à se réaffirmer une nouvelle fois dans la bouche d’Emmanuel Macron à l’encontre cette fois-ci des « non vaccinés », nouvelles incarnations expiatoires mises au rebut du bloc bourgeois par effet d’aubaine, dont il a été déclaré
