L’essayiste part en lutte contre l’injonction sociétale à la maternité qui pèse sur les femmes. Choisir d’être mère est un bijou brut, un rubis, un diamant qui brille des mille feux de la sottise!
Les néo-féministes cherchent toutes leur filon. Après Rose Lamy (cf. papier de Frédéric Magellan dans ces colonnes), je vous présente Renée Greusard. Elle aussi cherche depuis un bon moment de quoi elle a bien pu être victime. Après avoir compulsé les « essais » dénonçant, au choix, la charge mentale, la charge maternelle, une sournoise injonction patriarcale et/ou hétérosexuelle (au maquillage, au soutien-gorge, à l’épilation ou au désir), l’absence de consentement (ou le consentement non explicite, ou l’emprise), un tabou (celui des règles, des seins qui tombent ou de la masturbation féminine), cette journaliste a compris que l’inspiration ne pourrait venir qu’à la suite d’une introspection intime et totale.
Une grossesse et quelques années de réflexion plus tard, se sentant « habilitée à parler de ce vécu », Renée Greusard a donc écrit un « livre libérateur » dans lequel elle « milite pour le consentement à la maternité ». Choisir d’être mère (JC Lattès) est un livre dénonçant le “tabou de la maternité” et s’adressant « plutôt à des femmes cisgenres parce qu’elles subissent, notamment dans le régime de l’hétérosexualité, des oppressions spécifiques ». Comme nous pouvions nous y attendre, ce livre est un bijou brut, un rubis, un diamant qui brille des mille feux de la sottise.
Consentement éclairé
« Je ne crois pas qu’on puisse consentir à quoi que ce soit sans être informée. Si je me sens prête à vous parler, c’est que mon propre consentement à la maternité n’a pas été éclairé. J’aurais aimé qu’on me prévienne plus et qu’on me dise la vérité », écrit Renée Greusard en introduction de son ouvrage.
Si elle ignore tout de la maternité qui remonte pourtant à la plus haute Antiquité, elle connaît en revanche les toutes dernières âneries butlériennes gobées dans les universités les plus progressistes : elle est « pansexuelle » et c’est « cela qui [la] constitue ». Si elle a mis cinq ans à écrire son livre, ce n’est pas parce qu’elle est plus cruche que ma tata Simone mais parce qu’elle avait « un enfant à gérer ». De plus, elle se demandait « dans quelle mesure un cerveau humain pouvait enregistrer de telles informations ». Bref, elle s’est « beaucoup perdue à essayer de [se] retrouver ». Après avoir récupéré ses morceaux de vide, elle a décidé d’écrire pour les innocentes qui veulent enfanter sans réfléchir et qu’elle imagine encore plus demeurées qu’elle : « Je ne vous connais pas, vous qui lisez ces mots. […] Peut-être souhaitez-vous vous conforter dans l’idée que jamais, au grand jamais, un enfant ne passera par votre utérus. »
Julia Tissier, journaliste féministe co-fondatrice de ChEEk Magazine, a interviewé Renée Greusard. Fou rire assuré et confirmation que le néo-féminisme est un crétinisme. Meilleurs extraits de l’entretien en question :
« J’ai beaucoup douillé en devenant mère et j’ai été scandalisée de découvrir qu’on envoie les femmes en enfer sans les prévenir en amont de ce qui les attend ! » dit Renée Greusard. Elle a eu bien du mérite de se lancer dans cette aventure « la fleur au fusil comme ça », sans être « briefée ». Mais cela n’aura pas servi à rien : forte de son « vécu », elle a décidé de partager son expérience avec toutes les futures mères afin de leur « permettre de ne pas partir en trek au Népal avec des escarpins ».
Une démonstration puissante
Pour expliquer à la journaliste ce qu’elle entend par « n’avoir pas consenti à être mère », Renée Greusard se livre à un exercice intellectuel que je n’hésite pas à qualifier de thuramien [1] : « Pour consentir, il faut choisir, et pour choisir, il faut être éclairée. Je vais prendre un exemple très simple : on propose à une personne deux verres, dans l’un, il y a du jus de pomme et dans l’autre un jus dont on ne connaît pas la saveur. Peut-on vraiment choisir si on ne sait pas ce qu’il y a dans l’un des deux verres ? J’ai désiré être mère, mais je n’ai pas consenti à l’être dans le sens où je ne savais pas ce qui m’attendait réellement. » Puissant, non ?
Il y a des moments terrifiants auxquels les mères ne sont pas préparées. Une photo glaçante extraite du compte Instagram de Renée Greusard montre cette dernière assise sur la cuvette de ses toilettes tandis qu’un dessin est glissé sous la porte par le mioche qui trépigne de l’autre côté. Sous ce cliché déchirant, un commentaire déchiré : « Six ans après sa naissance, je n’en reviens toujours pas de constater à quel point quand on est parents, on n’est JAMAIS tranquilles : même aux toilettes qui devraient pourtant être un sanctuaire. […] Les toilettes sont en réalité un iceberg : celui de la disponibilité des parents. »
« Quel message as-tu envie de faire passer aux femmes qui sont en passe de basculer (sic) dans la parentalité ? », questionne Julie Tissier. Réponse : « Si elles ne sont pas enceintes, je leur dirais de s’assurer qu’elles désirent prendre cette voie, de questionner leur désir pour être certaines de ne pas céder à une injonction sociétale. » Tout cela est bien beau, mais Renée Greusard peut d’ores et déjà prévoir une réédition augmentée de son livre : la société Apple vient d’ajouter à ses émoticônes une figure emblématique des délires du moment, « l’homme enceint ». Je n’ose imaginer le prochain chapitre du livre de Renée Greusard consacré à Robert, homme transgenre « assigné » fille à la naissance ayant conservé son utérus et portant l’enfant de sa compagne Isabelle (alias Jérôme au départ), se demandant si son consentement à la maternité était suffisamment « éclairé » et s’il n’a pas cédé un peu trop rapidement, sans réfléchir aux conséquences, à une « injonction sociétale ». On n’a pas fini de rire.
Choisir d'être mère: Tout ce qu'on ne vous a pas dit sur la parentalité
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[1] En référence au philosophe à crampons Lilian Thuram dont j’ai déjà rapporté quelques unes des plus stupéfiantes expériences dans un article paru sur ce site le 3 juin 2021.