C’est un cadeau de Noël plus que douteux que le diocèse de Paris a offert à Notre-Dame. Le projet de réaménagement de la cathédrale, qui a reçu un premier avis favorable de la Commission du patrimoine, prévoit notamment de remiser mobilier et œuvres d’art du XIXe siècle pour faire entrer le street art et des projections lumineuses multilingues sous ses voûtes. Bisounours du monde entier, aimez-vous les uns les autres !
Ce sont les Anglais qui ont tiré les premiers. Fin novembre, un article du Daily Telegraph a révélé le projet de réaménagement intérieur de Notre-Dame de Paris en le qualifiant de « Disneyland politiquement correct ». On a alors commencé, de ce côté-ci de la Manche, à s’intéresser à ce que mijotait le diocèse de la capitale : une véritable opération wokiste. À en croire les plans du père Gilles Drouin, missionné pour piloter ce chantier par Mgr Michel Aupetit – qui a depuis démissionné pour d’autres raisons –, la cathédrale du xxie siècle semble devoir se muer en parc à thème, en lieu pédagogique et festif, ludique et régressif. Pour attirer les curieux, il prévoit des projections lumineuses de phrases bibliques en français, en chinois et en arabe sur les murs de 14 chapelles qui avaient été remodelées par Viollet-le-Duc. Celles-ci subiraient au passage de sérieuses transformations : la moitié d’entre elles seraient privées de leurs confessionnaux, remisés dans les tribunes, et leurs autels seraient totalement dépouillés de leurs candélabres, ostensoirs et autres sculptures dessinées par l’architecte. Place nette serait ainsi faite pour laisser l’art contemporain « dialoguer » avec les toiles des Mays, de Le Nain ou Le Brun. Des artistes vraisemblablement trop passéistes pour l’Église du futur. La « scénographie » de Notre-Dame s’enrichirait de créations d’Ernest Pignon-Ernest, d’Anselm Kiefer, de Louise Bourgeois et de quelques sommités du street-art qui manquent sérieusement à l’édifice depuis plus de huit siècles. Dans la foulée, les chapelles seraient également rebaptisées de façon thématique : « Foi et Raison », « la Mystique », « la Charité », « la Mission », « l’Espérance » et même « la Création réconciliée » ! L’éclairage de la nef varierait, quant à lui, « selon les jours » – et l’humeur du bedeau ? Afin de faciliter la pénétration des voies du Seigneur, il serait aussi envisagé de se débarrasser des immémoriales chaises en paille pour les remplacer par de confortables bancs dotés de « lumignons » afin de « créer un halo et de mieux inclure l’assemblée pendant
