Aux États-Unis, une prise d’otages s’est bien terminée pour les otages, pas pour le ravisseur. En France, il y a quelque temps, on a malheureusement préféré l’inverse…
L’histoire en V.O. américaine
Cela commence avec une neuroscientifique pakistanaise, Aafia Siddiqui, diplômée de prestigieuses universités, repérée par les services de renseignement de son pays d’accueil, après le 11 septembre, et décrite, en 2004, comme une militante d’Al-Qaïda. Soupçon probablement justifié car, en 2008, c’est en Afghanistan qu’elle a été arrêtée, en possession de notes suspectes : mode d’emploi de bombe « sale », liste de lieux propices à une « attaque faisant de nombreuses victimes » sur le sol des États-Unis… Soupçon confirmé quand la douce créature, au cours de son interrogatoire, s’est emparée du fusil d’un soldat et a ouvert le feu sur l’équipe d’interrogateurs américains.
Le deuxième épisode a tenu la presse américaine en alerte ce weekend (entre samedi 16 et dimanche 17 janvier 2022). Un individu armé a pris en otages quatre fidèles en prière dans une synagogue de Colleyville, Texas. Sa revendication était la libération de Aafia Siddiqui, qui purge une peine de 86 ans dans un pénitencier de cet État, célèbre pour ses paysages de western.
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L’assaut qui a été donné par le FBI relevait d’ailleurs du western. Une soixantaine de membres de l’équipe de sauvetage des otages du FBI a été mobilisée pendant 11 heures de négociations et de recherche des charges d’explosifs que le ravisseur prétendait avoir disséminées sur place.
L’assaut a été donné à 21 heures, heure locale (4 heures du matin heure française). Tous les otages ont été libérés. Le ravisseur, qui s’est avéré être le frère d’Aafia, a été abattu.
En France, dans une situation moins difficile, l’issue a été beaucoup plus dramatique
Le 4 avril 2017 vers 5h du matin, Sarah Halimi, médecin juive retraitée de 65 ans, a été jetée par la fenêtre de son appartement, au troisième étage d’un immeuble parisien. Son assassin l’avait torturée pendant près de trois quarts d’heure en récitant des sourates du Coran, avant de la défenestrer au cri de « Allahou Akbar » et « J’ai tué le sheitan » (diable en arabe). La police était sur les lieux, avertie de la « prise d’otage » par des voisins que les hurlements de la victime avaient réveillés. Mais nul n’est intervenu.
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Le 19 décembre 2019, la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel a admis que Kobili Traoré était bien auteur d’un homicide commis avec la circonstance aggravante d’antisémitisme. Mais elle l’a exonéré de sa responsabilité et l’a déclaré pénalement irresponsable au motif d’une circonstance, toujours jugée aggravante jusqu’alors, la consommation de cannabis : « aucun élément du dossier d’information n’indique que la consommation de cannabis par l’intéressé ait été effectuée avec la conscience que cet usage de stupéfiants puisse entraîner une bouffée délirante aiguë ».
La prise d’otage s’est donc terminée par la mort de l’otage et l’internement du coupable qui, aujourd’hui est considéré comme guéri. Pas de western à l’américaine : du surréalisme à la française.
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