L’industrie culturelle hollywoodienne est malmenée comme jamais par la révolution racialiste. Malgré les efforts de la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association, le diffuseur habituel NBC a refusé de retransmettre la remise des Golden Globes cette année, et les acteurs boycottent la cérémonie. Et si la 79e édition était la dernière?
Va-t-on assister dans la nuit de dimanche à lundi à la 79ème et dernière édition de cette noble institution américaine ? Accusée d’avoir failli dans ses missions de diversité raciale, ethnique et genrée avec de surcroît des accusations de malversations et de corruption, l’association-support de cette cérémonie est plus que jamais dans le viseur des professionnels du secteur.
Lesquels apparaissent clairement manipulés et fanatisés par le délirant climat ambiant « wokiste » et plus que jamais interpellés et sommés de s’expliquer par des minorités de plus en plus visibles, ragaillardies par le récent décès de l’emblématique acteur « black » Sydney Poitier, première star noire du cinéma américain et premier acteur afro-américain à avoir reçu un Oscar, en 1964, pour son interprétation du personnage d’Homer Smith dans Le lys des champs.
Auguste institution américaine
Traditionnellement, les Golden Globes, antichambre officieuse des Oscars, ouvraient avec panache, strass et paillettes la saison officielle des remises de prix permettant d’alimenter le sacro-saint système auto-promotionnel et l’auto-satisfecit des « professionnels de la profession ».
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Décernées chaque année depuis 1944 par la prestigieuse Hollywood Foreign Press Association (HFPA, Association hollywoodienne de la presse étrangère), ces récompenses très prisées visent à célébrer les meilleures œuvres de fiction télévisuelles et les meilleurs professionnels de cinéma et de la télévision américaine. Cette étonnante structure fut fondée en 1943 par un correspondant du quotidien britannique The Daily Mail, dans le but d’instituer un lobbying de soft power partout sur la planète, avec bientôt comme bras armé une armée de correspondants militants revêtant les habits présentables de VRP des productions hollywoodiennes (cinéma et télévision), avec prise en charge du service après-vente et inoculation du virus de la dépendance à des programmes culturels à la qualité fort variable et à la fiabilité idéologique fort discutable.
Malaise à Hollywood
Cette 79ème édition aura bien lieu ce dimanche soir au traditionnel Beverly Hilton Hotel de Los Angeles, mais sans public, sans présentateur vedette, ni retransmission télé. NBC, sous la pression, ayant décidé de jeter l’éponge, une première depuis l’entrée des cérémonies américaines dans l’âge médiatique.
Quel est le problème ? La HFPA est en réalité accusée de nombreux maux et de dysfonctionnements depuis quelques années. Ils se sont cristallisés ces derniers mois sur l’épineuse question de la non-représentation « satisfaisante » des minorités visibles dans le jury officiel de l’association.
Petit retour en arrière. En février 2021, Le Los Angeles Times lance un pavé dans la mare en pointant du doigt le fait qu’aucun journaliste noir ne fasse partie du jury des 87 membres habilités à décerner les fameuses récompenses. Puis l’on apprend que des membres actifs de l’organisation auraient reçu des « cadeaux » comme un voyage à Paris en 2019 afin de visiter le plateau de la série “Emily in Paris” diffusée sur Netflix, série qui va justement obtenir deux nominations lors de l’édition 2020 des Golden Globes alors que d’autres réalisations apparemment tout aussi (voire plus) méritantes sont copieusement ignorées.
Le mouvement Time’s Up, impulsé en 2018 par plusieurs célébrités d’Hollywood en réponse à l’onde de choc Weinstein et au fameux hashtag #MeToo, décide alors de lancer une grande campagne pour exiger des réformes au sein de la HFPA, afin d’être « plus en phase avec la diversité raciale, ethnique et de genre du pays ».
Des stars de premiers plans, telles que Scarlett Johansson, Mark Ruffalo, mais aussi Tom Cruise (abandonnant publiquement ses trois prix précédemment glanés aux Golden Globes en signe de protestation) soutiennent ouvertement cette réforme. Bientôt rejoints par les plus grandes agences de relations publiques ou encore les mastodontes du secteur comme Netflix, Amazon ou Warner Media.
Devant cette déflagration, l’Association de la presse étrangère de Hollywood promet de s’engager dans d’importantes réformes structurelles. Elle engage un responsable de la diversité, change de président et de statuts, et impose de nouvelles règles comme l’interdiction de recevoir des cadeaux des partenaires, tels que les studios ou agences de relations publiques.
La HFPA s’ouvre également à 21 nouveaux membres parmi lesquels des journalistes noirs (le tiers des nouveaux membres), ce qui porte à 104 membres actifs sa nouvelle composition du jury pour les Golden Globes. Pas assez audacieux pour le diffuseur officiel NBC qui, dès le mois de mai dernier, oppose une fin de non-recevoir avec ce communiqué : « Nous continuons de penser que la HFPA est engagée dans une réforme significative. Toutefois, un changement de cette envergure exige du temps et du travail, et nous sommes convaincus que la HFPA a besoin de temps pour faire cela correctement. De fait, NBC ne diffusera pas la cérémonie des Golden Globes en 2022. » Diantre !
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Que va-t-il dès lors se produire dans la nuit de dimanche à lundi ? Difficile à ce stade d’y répondre. Selon la presse américaine, une retransmission en direct et en streaming pourrait être mise en place. Mais pour le moment, aucune information officielle sur ce point n’a été dévoilée. Selon la présidente de la HFPA, Helen Hoehne, « cette cérémonie sera à des années lumières de ce que les Golden Globes ont été les années précédentes. »
L’association devrait en tout cas profiter de cette tribune, certes beaucoup plus modeste et très faible en audience, pour faire des effets d’annonce « coups de poing » (refonte radicale de son mode de fonctionnement ?) et tenter de rassurer tout le monde pour l’édition 2023, sous peine de voir exploser le système actuel et de disparaître en tant que force historique de lobbying pour les intérêts culturels américains dans le monde.
Vrais enjeux masqués
Au-delà de ce psychodrame, qui peut nous apparaître risible et grotesque de l’autre côté de l’Atlantique, se joue évidemment une guerre idéologique acharnée et décisive entre d’un côté les tenants d’une certaine conception historique de la production culturelle avec son système de rétribution/ récompenses (indiscutablement perfectible et réformable) et, de l’autre, la déferlante actuelle de ce néo-totalitarisme « politiquement correct » s’affublant des masques horrifiques du wokisme, cancel culture, indigénisme, intersectionnalité, décolonialisme ou encore white-washing/white-bashing.
Deux exemples parmi tant d’autres. Après avoir brillamment interprété le rôle de l’amazone déchaînée Wonder Woman dans le film de la réalisatrice californienne Patty Jenkins (Wonder Woman 1984, sorti en salles et sur les plateformes en 2020), la sculpturale actrice hébreu Gal Gadot se prépare à incarner une nouvelle héroïne mythique sur grand écran : Cléopâtre. L’annonce du projet a donné lieu à un déchaînement de passions et de haines émanant aussi bien d’anonymes que de certains professionnels brandissant le mot magique « White-washing ». Extrêmement péjoratif, ce concept désigne le fait de faire incarner par des acteurs et actrices blancs des rôles de personnes qui ne sont pas blanches.
Dans le cas présent, il s’agit de dénier à une actrice blanche, qui plus est israélienne, la légitimité d’incarner un personnage historique de l’aire africaine (ici la reine d’Égypte, devant nécessairement être interprétée par une actrice de couleur ou actrice métissée) ! Sans parler des attaques antisémites dont Gal Gadot continue d’être l’objet à côté de ces accusations « d’appropriation culturelle« . La Paramount, productrice du projet, a dû officiellement intervenir en expliquant que la vraie Cléopâtre avait des origines gréco-macédoniennes, donc méditerranéennes tout comme celles de l’actrice israélienne ! Autre témoignage qui en dit long sur le malaise actuel : en 2014, le légendaire réalisateur anglo-américain Ridley Scott (“Alien”, “Blade Runner”) tourne le péplum de sa vie, “Exodus : Gods and Kings”, se concentrant évidemment sur les interactions légendaires entre Moïse et Ramsès dans l’Égypte antique. Le voilà lui aussi embarqué dans une hallucinante polémique qui le conduit à devoir s’expliquer sur son choix de deux acteurs vedettes blancs qui ne sont ni d’origine arabo-musulmane ni africaine ! Comment sort-on de cette aporie délirante et de ce monde à la Ubu ? Débuts de réponse sans doute cette nuit ! Restez connectés !