L’éditorial d’Elisabeth Lévy
On n’arrête pas le progressisme. J’ai découvert il y a peu, au hasard d’un débat parlementaire dont je me fadais la retransmission, car je ne recule devant rien pour vous informer, que le gouvernement français comportait une ministre « en charge des questions LGBTQIA+ ». C’est ainsi qu’Élisabeth Moreno, officiellement ministre déléguée chargée de « l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances », s’est présentée aux députés, ajoutant que l’action du gouvernement était guidée par « la volonté de tisser la toile d’une société plus protectrice ». Je l’avoue, cette toile, qui évoque furieusement celle des araignées ligotant le moucheron avant de la dévorer, m’a fichu une peur bleue. À part ça, j’aimerais savoir qui s’occupe des droits des plantes, des pierres et des animaux mais je m’égare.
Madame Moreno n’est pas seulement la ministre des droits, ce serait trop modeste, elle est la ministre du « droit aux droits », intransitivité au carré imaginée par Muray. Autrement dit, elle se comporte comme l’ambassadrice auprès du gouvernement des minorités hargneuses qui réclament à cor et à cri que leurs souffrances intimes et leurs désirs impérieux fassent l’objet d’une reconnaissance institutionnelle et des réparations afférentes.
