C’est regrettable, mais c’est ainsi. La loi Taubira ne semble pas passer parmi les Français, même de gauche, et même homo, avec l’aisance et la grâce d’un bonobo travaillant sa régulière. N’était-ce pourtant pas le projet phare du nouveau Président, ce changement, enfin !, cette rupture tant espérée d’avec le monde d’avant ? La France ne devait-elle pas, grâce à cette révolution d’alcôve, entrer de plain-pied dans la modernitude ? Et, par là même, nous refaire sa grande spécialité : éclairer le monde ? Les peuplades obscurantistes qui jouent encore à papa-maman allaient recevoir la lumière gendriste, pleurant de reconnaissance.
Seulement, il y a toujours des vieux cons, et même des jeunes, qui chahutent. Qui veulent pas ! Et ils ne se contentent pas de bouder ou ronchonner, comme au bon vieux temps, non, ils défilent, vont sur les plateaux télé, pétitionnent et manifestent comme un soixante-huitard indigné. On peut les ignorer, les minimiser, feindre de ne pas les voir ni les entendre, mais le problème, c’est qu’ils se reproduisent. Par voie naturelle. C’est-à-dire qu’ils font des émules et qu’avec leurs prompts renforts, ils commencent à devenir nombreux avant même d’arriver au port.
Si on ne peut plus les ignorer, la meilleure technique est sans nul doute de les ridiculiser. Ca marche plutôt bien avec Boutin, mais ça coince pour la majorité d’entre eux qui refuse, avec un acharnement de mauvais goût, à correspondre aux clichés de la France moisie.
Alors que faire ?
Puisqu’on ne peut pas en faire des abrutis, il convient d’en faire des gens dangereux. Très. Il faut un martyr à la cause taubirienne. Deux, ce serait encore mieux, d’ailleurs. Combien de lois ne sont pas passées grâce à un fait divers odieux ? Sans l’affaire de Carpentras, la loi Gayssot serait-elle passée si aisément ?
Or, depuis que deux homosexuels se sont fait épouvantablement agresser le 7 avril, dans la nuit, en plein Paris, on tient enfin l’argument massue : il faut combattre l’homophobie ! Car celle-ci mène en droite ligne à ces répugnantes exactions que nul ne peut absoudre. Certains noteront qu’on ne voit pas très bien en quoi le mariage pour tous mettrait un frein à l’homophobie. D’autres pointeront que les potes à Frigide, avec leur T-Shirt rose et leurs poussettes, ne ressemblent pas trop aux casseurs de pédés avinés qui habituellement se vantent de ce genre de saloperie.
Contentons-nous de rappeler qu’en France, il y 2 000 agressions par jour. D’hommes, de femmes, d’enfants, d’homos, d’hétéros (le plus souvent, puisqu’ils sont plus nombreux), de bi, de trans, d’abstentionnistes de la quéquette, de nymphomanes ou d’éjaculateurs précoces. Et que comme on n’a toujours pas identifié les agresseurs, il semble fort hardi de présumer de leur motivation. Connaissaient-ils seulement les orientations sexuelles de leurs victimes ? Rien ne le laisse supposer.
Peu importe. La messe est dite, l’homophobie tue. Seule la loi Taubira pourra à l’avenir nous en protéger. Amen.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !