Pour qui a l’occasion de discuter avec des jeunes wokistes autour d’un verre, ce qui saute aux yeux, ce n’est pas seulement leur étroitesse d’esprit idéologique, mais aussi leur aveuglement face à de dangereuses contradictions…
Il y a quelques jours ma colocataire, à peine plus jeune que moi (22 ans), me propose d’aller boire un verre. « Des amis vont nous rejoindre » précise-t-elle. Une douce soirée en perspective. Tous étudiants en école de graphisme, lesdits amis, entre 19 et 21 ans, se montrent assez sympathiques et agréables. Des pintes sont commandées mais un débat arrive, avant elles, sur la table.
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TERF : les méchantes
Que faut-il penser des féministes qui reprochent aux trans de nuire au combat féministe ? Celles que les plus radicaux appellent les « TERF » (Trans-exclusionary radical feminist).
Si j’ai bien compris, ce qui est farouchement reproché à ces « TERF », c’est d’une part qu’elles considèrent que la femme se définit avant tout d’un point de vue biologique, et d’autre part qu’elles désapprouvent que les femmes transgenres essayent par tous les moyens d’affirmer leur identité féminine en se calquant sur des stéréotypes de genre – cheveux longs, poitrines proéminentes, etc. Des femmes trans qui, par principe, exigent de concourir dans la catégorie féminine dans des compétitions sportives; qui exigent d’avoir accès aux espaces normalement réservés aux femmes biologiques, comme les toilettes, les prisons, ou les foyers d’accueil pour femmes victimes de violence…; et qui vont parfois jusqu’à qualifier les lesbiennes qui refusent d’avoir des relations sexuelles avec elles de « transphobes »!
J.K Rowling est par exemple classée parmi les « TERF », puisqu’elle préfère dire « femme » plutôt que « personnes qui ont leurs règles ». En somme, les TERF ne sont pas assez fluides.
Je me sens vite affligé par ce débat. J’aurais dû rugir mais je me suis fait tout petit, pour ne pas gêner ma colocataire que j’adore. « Les féministes transphobes ça me dégoûte », dit l’une des amies. « Elles sont dépassées mais on leur doit beaucoup » répond une autre.
Les prénoms, toujours les prénoms…
Les discussions se poursuivent, plus woke les unes que les autres, recouvertes par le magma d’une « cancel culture » qui calcine tout sur son passage. On me demande mon avis, j’essaye d’aller vers le bon sens : on me regarde avec de gros yeux.
Puis, je ne me souviens plus par quel tunnel de la sémantique wokiste surgit une discussion étonnante. Voilà nos futurs graphistes qui se moquent d’Elon Musk, parce que celui-ci a appelé l’un de ses fils (le petit dernier) par un prénom pour le moins hors du commun : « X Æ A-12 ».
« Il a cru qu’on était en 2630 ? », « c’est un humain son gosse, pas un robot bordel ! », puis-je alors entendre, entre autres railleries, dans la bouche de mes nouveaux amis woke.
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Voilà donc l’une des sources du problème. Ils ne voient pas qu’Elon Musk est simplement en avance sur eux. Ils ne voient pas le lien entre leur dégoût pour les « TERF » et le prénom délirant que porte le fils du milliardaire. Ils ne savent pas que les transhumanistes sont les rois de la déconstruction, qu’ils défendent une fluidification totale du genre et du sexe, en même temps que la disparition des patronymes familiaux. L’un des papes du transhumanisme californien a changé de nom pour s’appeler « Max More », et sa femme « Natasha Vita-More ». L’un des premiers transhumanistes, mort en l’an 2000, s’était baptisé « FM-2030 ». Le but étant de détacher l’individu de toutes les sortes d’héritages et de conventions qui sont autant de reliques du « passé tribal de l’humanité » : la famille, la nation, la civilisation…
Peut-être que les amis de ma colocataire défendront, dans quelques années (espérons le plus tard possible), le droit à chacun de se nommer comme il le souhaite, y compris « X Æ A-12 », « Pastèque » ou « Danse-avec-les-loups ».
Pour l’instant, il leur reste visiblement quelques grammes de bon sens… Sont-ils au courant que Zemmour veut s’en tenir aux prénoms du calendrier ?
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