La mise en scène assez navrante d’Arnaud Montebourg passant des appels aux autres candidats démontre la très grave déroute de la gauche française. La tendance de la gauche à s’automutiler nous étonnera toujours. C’est pourtant regrettable. Pendant ce temps, Zemmour peut dérouler son programme et Macron nous vanter son bilan à la télévision.
Un peu de jalousie envers les Républicains. C’est certainement ce qui a animé Montebourg dans une dernière tentative de raviver la flamme de la gauche. Une tentative désespérée, sans doute un peu ridicule…
Le téléphone pleure
Si l’homme de Camus s’empêche, et bien l’homme politique français d’un certain âge devrait s’empêcher de se mettre en scène sur internet. Les précédentes pitreries de Mélenchon sur TikTok l’ont déjà prouvé.
Mais qu’est-ce qui est donc passé par la tête de ce pauvre Arnaud Montebourg ?
La séquence est pitoyable. Quatre appels passés. Quatre répondeurs.
Mélenchon, Jadot, Hidalgo, Roussel. Mais pas Poutou ! Eh bien ? Quelle condescendance pour ce dernier.
Une séquence gênante
Réunir la gauche par téléphone, c’est raté.Mais qu’attendait exactement Arnaud Montebourg ? Espérait-il que Mélenchon se soumette à ses moindres désirs ? Que Jadot renonce à sa couronne verte ? Et pourquoi diable publier cette vidéo alors que personne n’a daigné lui répondre ? Voulait-il inconsciemment montrer aux yeux de tous à quel point la gauche est affaiblie ? Nous ne savons pas ce qu’il y a dans le miel que ses abeilles produisent, mais ça a l’air plutôt fort.
Il aura au moins eu le mérite de soulager un peu Hidalgo. En septembre, elle se voyait déjà présidente de la République et se bouchait les oreilles à l’idée d’une primaire de la gauche. Elle n’en avait pas besoin ! Elle a bien changé d’avis entre temps. Sa lâcheté l’a rattrapée et elle ne demande qu’une chose : qu’on lui envoie du renfort. Un remplaçant. Elle supplie de l’aide sur les plateaux de télévision et à la radio. Elle veut rentrer se reposer à la mairie de Paris… Elle n’aurait probablement jamais dû en sortir.
Cela étant dit, on peut comprendre Montebourg sur le fond. Le succès de la primaire de la droite a de quoi faire des envieux. Pécresse a fait une entrée fracassante dans la campagne présidentielle, ranimant l’espoir de prendre l’Élysée. Cela semblait infaisable il y a encore quelques temps, quand Xavier Bertrand s’autoproclamait candidat et refusait tout compromis. Tout comme cela semble impossible pour la gauche aujourd’hui. Mais c’est beau de rêver. Ça fait du bien quand on est au fond du trou.
Car oui, cela aurait été beau ! Une primaire qui fédère ! Un candidat flambant neuf, la fleur rouge au fusil, s’élançant dans la course présidentielle !
Les électeurs de gauche auraient chanté « I need a hero » !
La gauche rassemblée !
L’espoir !
Oui !
L’espoir… L’espoir des électeurs ne saurait faire oublier tout le mal que la gauche s’est elle-même infligé. Toute personne sensée ne saurait oublier l’indigénisme de certaines figures de la gauche. La complaisance insupportable qu’ont d’autres avec l’islamisme, ou la bêtise en général. Le clientélisme qu’opère Mélenchon en banlieue. « L’écoféminisme » décérébré et haineux de Sandrine Rousseau.
Le mépris contreproductif qu’on envoie depuis vingt ans à la gueule du premier venu qui se réclamerait de droite ou un peu nationaliste. La connerie qui s’empare du débat dès lors qu’on tente de parler d’immigration… Comme je dis souvent, la liste est à rallonge.
C’est pas gagné…
À force de se chamailler entre eux et de succomber à la pire bien-pensance, tout en crachant sur le monde extérieur, le monde réel, les gauchistes finissent aujourd’hui par se retrouver isolés, reclus. Leurs idées subsistent vaguement dans l’imaginaire collectif mais sont absentes de l’élection présidentielle. Ils n’auront bientôt plus que leurs propres os à ronger. Mais quoi qu’on en pense, il me paraît dommage pour le débat démocratique que la gauche en soit (presque) totalement absente. La dualité et l’équilibre sont deux aspects essentiels de la politique et la vie en société. On a parfois tendance à l’oublier. Fût un temps où l’opposition entre la droite et la gauche était saine. Où elle avait du sens.
On pouvait débattre avec raison en famille ou entre amis à un repas de Noël. On s’engueulait un peu mais ce n’était pas violent. C’était intéressant, parfois même stimulant. Aujourd’hui, il s’avère extrêmement épineux d’aborder certaines questions. Les sujets sont tellement clivants, les points de vues si polarisés. Prendre position revient souvent à embrasser les extrêmes. On prend donc très rarement plaisir à argumenter contre les idées adverses. C’est souvent crispant et l’on en retire ou apprend presque rien. Ni sur les autres, ni sur soi. C’est bien dommage pour les passionnés du dialogue comme moi…
Joyeuses fêtes quand même ?
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