Certaines mairies écologistes interdisent le foie gras dans leurs réceptions. Pour Elisabeth Lévy, il faut privilégier les éleveurs qui respectent leurs animaux et éviter de surconsommer ce plat traditionnel.
En cette fin d’année, certaines mairies écologistes interdisent le foie gras de leurs réceptions.
Notre première réaction consiste évidemment à dire que ces écolos sont des peine-à-jouir toujours prêts à interdire ce qui fait plaisir aux Français, surtout quand ça relève de la tradition !
C’est particulièrement stupide à Strasbourg, terre de naissance du foie gras en France, ou dans le sud-ouest où c’est une activité essentielle.
L’édile de Lyon, Grégory Doucet, non content de ne plus en servir – ce qui peut se comprendre, on y vient – invite carrément les restaurateurs à le bannir de leur carte. Ces derniers l’ont fort heureusement envoyé promener.
Cependant, on ne peut pas balayer d’un simple revers de la main l’argument du bien-être animal. On peut aimer le foie gras, mais on peut aussi aimer les oies et les canards, dit notre directrice Elisabeth Lévy. S’il est légitime pour les hommes de les manger, il n’est pas légitime de les traiter comme des objets.
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Elisabeth Lévy s’est donc plongée dans les articles du chroniqueur gastronomique Périco Légasse dans Marianne. Il confirme que le problème n’est pas le gavage, mais l’industrialisation. Donc, la démocratisation du foie gras. C’est pour mettre ce produit difficile à fabriquer, donc luxueux, à portée de toutes les tables (et de tous les repas!) qu’on a industrialisé la fabrication et créé des élevages aussi abominables que les fermes des mille vaches.
Faut-il alors interdire ce foie gras, ou carrément le réserver aux riches ?
Évidemment pas !
D’abord, c’est une question de liberté individuelle. Chacun ses priorités. On n’a pas le choix entre l’interdiction et la surconsommation. Les éleveurs aiment leurs bêtes, rappellons-le. Malgré les incitations de l’Union Européenne et de l’industrie de la malbouffe à déshumaniser la production au nom de la rentabilité, ils ont fait d’énormes efforts pour mieux les traiter.
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En Alsace, dans le Périgord et ailleurs, il existe un gavage artisanal qui s’appuie sur le métabolisme d’animaux portés sur la boulimie. Au lieu de prononcer des oukases, les maires écolos feraient bien de valoriser ces élevages-là, ces éleveurs et artisans qui traitent bien leurs animaux et fabriquent des produits merveilleux.
Seulement, manger éthique a un prix. Le foie gras artisanal est un produit saisonnier. Plutôt que de manger à tout bout de champ un mauvais foie gras de supermarché, réservons-le aux fêtes de fin d’année. Comme le dit Périco Légasse, mangeons-en moins, mais mieux. Les volatiles s’en porteront mieux. Et notre conscience aussi.
Cette chronique a été initialement diffusée sur Sud Radio.
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