Un scandale couve : le ministre de l’Éducation tient à ce que les élèves aillent en classe, au lieu de vaquer, l’œil vide, devant leur télé, et de s’injurier sur les réseaux sociaux. « Pour moi, c’est très important que les enfants aillent à l’école, ce n’est pas une variable d’ajustement. On ne doit pas, dans notre société, accoutumer tout le monde au fait que l’école est une chose où on va, où on va pas », a déclaré le ministre sur BFM. Et contrairement à nos voisins belges, on ne mettra pas les enfants en vacances une semaine plus tôt.
Le ministre a d’ailleurs aggravé son cas : « Les enfants ne vont pas bien quand ils ne vont pas à l’école. Donc on a besoin qu’ils y aillent, d’autant qu’à l’école, ils apprennent les gestes barrières. » C’est un argument qui surfe sur l’actualité, mais la vraie raison, c’est que les enfants, hors l’école, n’apprennent rien — et désapprennent même le peu qu’ils ont acquis. Demandez à n’importe quel enseignant de collège qui a des Sixièmes : après bientôt deux ans de cours branchés sur l’alternatif, ils ne savent plus lire, ni écrire, ni respect, ni discipline — plus rien. Le ministre a donc raison de s’écrier : « Pour moi, c’est très important que les enfants aillent à l’école, ce n’est pas une variable d’ajustement. On ne doit pas, dans notre société, accoutumer tout le monde au fait que l’école est une chose où l’on va, où l’on ne va pas. » Ajoutons que Blanquer a fait de son mieux, depuis février 2020, en ferraillant contre les oukases des médecins qui désormais ont confisqué le pouvoir, et parfois même contre Macron qui a tendance à les écouter plus que de raison. Il aurait volontiers maintenu les élèves en classe, il a combattu de son mieux les confinements scolaires, il savait bien que l’enseignement en « distanciel » ne vaudra jamais un colloque direct entre maître et élève.
Et que font les syndicats ? Guislaine David, tête du SNUIPP, principal syndicat du Primaire au sein de la FSU, estime qu’éloigner les enfants « positifs » (rappelons à nos lecteurs qu’il ne s’agit pas d’enfants malades, mais d’enfants supposés porteurs de virus) sans fermer complètement la classe où il vaquait est une mesure insuffisante. Pitié, Monsieur le Ministre, éloignez les enseignants de ces porteurs de germes ! Octroyez-leur une semaine de plus à Noël ! Dispensez-les de cours jusqu’à la Saint-Glinglin !
Grâce à la pagaille semée par les syndicats d’un côté, les alarmistes du « tout médical » de l’autre et des médias affamés de mauvaises nouvelles au centre, Blanquer a même été obligé de réfuter l’idée que la rentrée serait différée — puisque la sortie n’était pas avancée. J’espère que tout le monde suit.
Au passage, ces mêmes syndicats s’indigneraient sans doute si l’on rendait la vaccination obligatoire pour tous les personnels de l’Éducation nationale.
Enseigner, c’est être, toute sa vie, en contact avec des porteurs de germes. On teste aujourd’hui le Covid. Si on testait la grippe (qui tue aussi allègrement, et ne connaît pas, elle, de barrière d’âge) ou la bronchiolite, tout le monde fuirait et se calfeutrerait dans son canapé.
Nous avons appris, depuis quelques milliers d’années, à vivre avec la grippe. Le Covid, en milieu scolaire, est bien moins dangereux : depuis le début de l’épidémie, aucun enfant n’est mort — ni aucun enseignant (sauf un, tout au début, qui avait ramené le virus de Chine). Pour maintenir la pression psychologique, on ne répertorie plus les malades, mais ceux qui portent le virus sans en éprouver de symptômes — ce qui est le cas d’une bonne part de la population. C’est avec ces chiffres arbitraires que l’on aiguille la peur.
Oui, mais, disent les inquiets, un enfant malade peut contaminer… Contaminer qui ? Ses parents ? Ses grands-parents ? Il faudrait déjà prouver qu’il a été contaminé en milieu scolaire — alors que les chercheurs affirment que le milieu familial est bien plus pathogène. Surtout dans des zones pauvres — les moins vaccinées — où l’on s’entasse à dix dans 30m2. Alors que les salles de classe peuvent être aérées, et qu’une certaine distance existe entre maîtres et élèves.
Entre nous, j’aimerais bien tenir entre mes mains le salopard qui a eu l’idée de culpabiliser tous les mômes de France parce que leur arrière-grand-père est mort pendant le Covid — et pas forcément « du » Covid, qui a bon dos et auquel on attribue indifféremment tous les décès. Il est mort parce qu’il était atteint de diverses pathologies mortelles, et c’est tout. Tu n’y es pour rien, gamin… Il serait mort quand même. Et c’est le cas de 98% des victimes de l’épidémie.
Quoi que fasse Blanquer, il a tout faux. Il a lancé sur Paris une expérimentation en grand d’une méthode d’apprentissage de la lecture alpha-syllabique, baptisée Lego, qui marche du feu de dieu, et il prétend l’étendre peu à peu. « Caporalisme ! » hurle la même Guislaine David, qui vu son âge a sans doute pratiqué dans ses classes Ratus, Ribambelle, Gafi, Abracadalire et autres dispensateurs de dyslexies provoquées et d’illettrisme final : si vos enfants ou petits-enfants ont appris à lire dans les manuels sus-cités, ils sont fichus, merci aux enseignants qui les ont pratiqués, merci aux Inspecteurs qui les ont imposés : qu’aurait-on fait en 1793 de ces dispensateurs d’ignorance œuvrant contre la République ?
Je n’ai aucun intérêt personnel à dire du bien d’un ministre qui ne peut rien pour moi, à ce point de ma carrière, et à qui je n’ai jamais rien demandé. Mais je suis franchement choqué qu’il soit obligé de se défendre tous les quatre matins sur les antennes de BFM parce qu’il a le souci de la continuité pédagogique — pendant que tant d’adultes ne pensent visiblement qu’à eux.