Valérie Pécresse renoue avec ce qui a fait jadis le succès de la droite, et devrait grandement déstabiliser Eric Zemmour, Marine Le Pen, et même Emmanuel Macron dans la course à l’Élysée…
La droite peut souffler. Christian Jacob doit être soulagé. Ce n’est pas la droite maladroite (ou trop à droite, pardon pour la répétition) d’Éric Ciotti qui a gagné. Ni la séduction centriste opérée par Xavier Bertrand. Et encore moins le fatigué Barnier.
Non, la droite qui l’a emporté ce week-end, c’est la droite « versaillaise ». Chic, libérale sur fond d’autorité. Une droite classique pourrait-on dire. Celle qui jadis affrontait la gauche dans des duels plus ou moins nobles, mais certainement plus intéressants que ceux d’aujourd’hui. C’est une aubaine pour Les Républicains.
A lire aussi: Pécresse menace déjà Macron
Passons le fait qu’elle est une femme. C’est à la fois un argument et un contre-argument, selon la personne à qui l’on s’adresse. Pas sûr que son sexe lui fasse gagner tant de points que ça, au même titre que toutes les autres femmes ayant déjà été candidates à l’élection présidentielle. Peut-être est-ce rassurant de se dire que les Français ne sont pas sensibles aux charmes les plus simples.
La force de Valérie Pécresse réside ailleurs : c’est d’abord, ainsi que l’a décrite Éric Zemmour dans son meeting dimanche dernier, l’héritière de Chirac, Giscard d’Estaing, Juppé et consorts. Elle serait, toujours selon lui, la porteuse de la flamme de la lâcheté incarnée par la droite. Elle ne lui fait pas peur. Il lui aurait préféré le fidèle Ciotti, dont il s’est empressé de (re)conquérir les électeurs une fois sa défaite prononcée. Zemmour a tort de la prendre de haut. Car elle est effectivement la bonne élève de la droite de Chirac, ce dernier l’appelait « la bosseuse ». Elle a tout appris auprès de lui. D’abord sa conseillère, elle devient plus tard ministre de l’Enseignement supérieur, puis ministre du Budget.
Elle sait parler quand il s’agit de fric. Elle l’a largement prouvé pendant les débats des élections régionales. Au-delà de ses punchlines (« Rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ! ») et son air bourgeois, cache une stratège qui connaît les ficelles de la politique. Elle n’est pas là pour simplement flirter avec la France.
Mais il y a autre chose. Un aspect que Zemmour semble oublier, ou du moins fait-il semblant. Les Républicains ont bien joué leur coup en jouant la montre. Le gagnant de la primaire fermée s’est fait attendre. Le résultat, somme toute assez surprenant, n’a eu que d’autant plus un effet coup de poing. Pécresse dynamite aussi bien la campagne que le leader du nouveau parti Reconquête. Notamment parce qu’elle est potentiellement la seule à pouvoir grappiller des voix partout. Partout ! Chez les entrepreneurs déçus de Macron, les droitards effrayés par Zemmour, les Parisiens de moins en moins tentés par Hidalgo, les anciens fillonistes désespérés… La liste est à rallonge.
A lire aussi: Oyez oyez, braves gens! La plainte déchirante de Marine Le Pen
Il y a quelqu’un d’autre qui devrait sérieusement se méfier d’elle. Une candidate. Qui n’était définitivement pas préparée à affronter autant de rivaux. Trop de nuages noirs se sont amoncelés au-dessus de sa tête. Oui, Marine Le Pen a trouvé sa némésis. Blondes, professionnelles, énergiques. Les deux candidates expérimentées ont énormément de points communs et peuvent chacune séduire le même type d’électorat. La bataille pourrait être rude pour Marine Le Pen. Très rude. L’éventualité d’un second tour Macron-Pécresse est peut-être encore plus humiliante pour elle que d’imaginer Zemmour participer au combat final. La pauvre Marine Le Pen va être attaquée sur tous les flancs : économie plus libérale, immigration, autorité…
Notons pour finir qu’un sondage Elabe « opinion 2022 » (n’oubliez pas vos pincettes dans la cuisine) donne Valérie Pécresse gagnante à 52% contre Macron au second tour. Ça promet.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !