Il arrive que nos élus et nos dirigeants trichent avec les lois qu’ils sont chargés de faire respecter. Et que nous nous étouffions d’indignation, parce que nous prenons au pied de la lettre la formule « la femme de César ne doit même pas être soupçonnée ».
Et comment qu’elle doit l’être !
Rien n’est plus dangereux pour notre système de démocratie représentative que de croire à des représentants et des dirigeants qui seraient incorruptibles et donc insoupçonnables.
De Platon à Kant, les philosophes se sont cassé les dents sur cette question en forme d’impasse : « où trouver un maître assez insoupçonnable pour être digne d’exercer le pouvoir ? »
C’était une mauvaise question.
Il faut partir du pied opposé. Admettons une bonne fois que tous les hommes et toutes les femmes de pouvoir sont corruptibles, et à suspecter. Tous et toutes doivent être sous contrôle. Seule la menace d’être dévoilés et punis peut arrêter ceux qui seraient tentés de déraper.
Loin que tous soient pourris, il y a – statistiquement- extrêmement peu de pourris au royaume de France.
Quand on considère la liberté d’investigation des médias, la publicité et la circulation des informations, le pouvoir de la justice, on doit constater qu’il y a une très faible proportion de politiques à être pris la main dans le sac. Plus ils sont soupçonnés, parce qu’humains, et contrôlés, et moins ils ont la tentation de tricher.
Il serait sage d’abandonner l’exigence d’incorruptibilité et le ton de l’indignation vertueuse.
Il suffit de contrôler, de juger et de punir. Sans hystérie et démesure.
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