La présidente de la région Ile-de-France a remporté le second tour du Congrès LR face à Eric Ciotti, par 60,95% des voix contre 39,05%. L’analyse de Philippe Bilger.
C’est parce que je ne hais personne dans la classe politique mais que j’ai des convictions qui m’ont toujours porté vers une conception authentique de la droite – à la fois humaniste et vigoureuse – que je me sens légitime à évoquer la brillante victoire de Valérie Pécresse (60,95 %) contre Eric Ciotti (39,05 %) au second tour de l’élection LR.
Je note qu’une multitude d’hommages sont rendus à Christian Jacob et avec la parfaite réussite du Congrès ils sont justifiés, notamment avec cette sincère et solidaire entente, qui n’est pas qu’artificielle, entre les cinq candidats. Ils ont offert aux Français des joutes de qualité et permis aux militants, en définitive, un choix éclairé. Je continue cependant à regretter que Christian Jacob ait stérilisé trop longtemps l’opposition de son parti à Emmanuel Macron en nous faisant attendre indéfiniment son ami François Baroin qui n’avait pas l’intention de venir…
LR n’est pas mort !
Pour ma part je n’ai jamais cru, contre tous les oiseaux de mauvais augure, à la mort complaisamment et régulièrement annoncée de LR. Entre le macronisme moins enrichi que gangrené par des transfuges et une droite extrême dont le constat lucide n’aurait aucune chance de s’inscrire dans une politique qui est d’abord l’art du possible, il y avait une place centrale pour eux.
Non plus une droite oscillant au gré de la tactique et une gauche sortie quand il convenait, non plus la dénonciation d’un jour puis la rétractation le lendemain, non plus l’abandon trop longtemps du régalien puis la précipitation cynique, sur le tard, de rattraper la France perdue et blessée, non plus un manque de considération des citoyens à peine masqué par des affectations de proximité et de familiarité, non plus une solitude narcissique fière de n’avoir personne à sa hauteur. Non plus un président à sa propre écoute pour une France plus fracturée que jamais.
Mais une droite républicaine – ce qui signifie prête à tout mettre en œuvre pour la défense de la France, de son identité et pour protéger les Français, en se souciant moins de la pureté abstraite des principes nationaux et européens que de l’efficacité revendiquée et concrète des armes – qu’un État de droit rénové mettra à notre disposition. Le « en même temps » nous servira pour la pensée individuelle, mais ne nous guidera pas pour l’action puisque cette simultanéité la rendrait impossible. Là où régnait le flou, l’obscur, l’incertain et l’indécis, la fuite du présent pour la ruse de demain, l’oubli des devoirs pour garantir la réélection, la dépréciation de la France pour plaire à ses adversaires, un culte mémoriel frénétique pour se lover dans un passé reposant, la droite d’aujourd’hui qui a continué à faire un sans-faute proposera sa clarté, sa netteté, sa résolution, le respect de ses engagements. Elle sait qu’elle ne peut plus se permettre de trahir mais qu’elle est condamnée à tenir, à réaliser et à faire remonter notre pays dans l’estime qu’il a de lui-même.
Le courage de dire et la volonté de faire
Quelle belle équipe de France en effet. Valérie Pécresse, « le courage de dire et la volonté de faire ». Eric Ciotti, une ligne courageuse, sincère et constante, une droite qui en effet, selon sa juste intuition, rend inutile l’extrême droite. Michel Barnier à l’allure présidentielle mais sans doute pas assez préoccupé de démontrer le caractère irremplaçable de son apport. Xavier Bertrand le valeureux, qui a commis dès le début des erreurs de tactique mais qui a eu le rôle capital de persuader toute la droite que la victoire était possible, qu’elle était même nécessaire et qu’Emmanuel Macron ne pourrait pas s’en tirer à bon compte avec sa mansuétude régalienne qui a abîmé la France. Philippe Juvin, candidat de témoignage si on veut, mais alors de quelle qualité ! Vif, surprenant, sans démagogie, brossant le tableau effrayant d’un monde hospitalier laissé tel quel depuis le début de la pandémie.
Sur tous les thèmes qui ont agité l’opinion publique et échauffé les débats démocratiques – la sécurité, la Justice, la santé, le social, l’immigration, le communautarisme, le retour de la France dans des cités d’où elle avait été chassée à cause de voyous nourris au trafic de drogue et saccageant le quotidien d’une majorité d’honnêtes gens, la France ne se reconnaissant plus elle-même et à laquelle on intime l’ordre de se faire remplacer par le concept de République – les LR ont les solutions à la fois les plus efficaces et les plus dignes. Déjà on constatera à quel point notre nation ira mieux quand on autorisera nos forces de l’ordre à user sans crainte ni reproche de la plénitude des droits et des attributions que la loi leur donne, sans s’arrêter à mi-chemin par peur que la lâcheté des pouvoirs ne les soutienne plus.
Cette victoire éclatante de Valérie Pécresse, cette réussite collective rendront, je l’espère, vains les jeux d’appareils, les hésitations troublantes d’un Nicolas Sarkozy prêt, parce qu’il s’estimerait irremplaçable, à jouer plutôt Macron que sa famille. Ce serait une honte.
Rien n’est gagné mais tout à coup une espérance s’est levée. 2022 pourrait n’être pas une année morte.
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