La romancière américaine, expatriée au Royaume-Uni depuis trente-quatre ans, défend le mâle blanc dans ses chroniques de The Spectator, ainsi que dans son dernier roman, où un sexagénaire se laisse séduire par l’omniprésente culture du sport (Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes, Belfond).
Causeur. Le thème du corps traverse votre œuvre, mais dans ce nouveau roman il prend un aspect eschatologique. D’où vient cette idée ?
Lionel Shriver. Elle m’est venue en lisant un article dans le New York Times sur les ultra-triathlons. Je ne m’oppose pas à ce genre d’événement, mais là où je mets des limites, c’est lorsqu’on y attribue une valeur d’accomplissement moral. Comme dit Serenata dans mon roman, l’épouse de Remington Alabaster, ce sexagénaire inscrit dans un triathlon, l’héroïsme implique qu’on se sacrifie pour autrui, tandis qu’ici il ne s’agit que d’une forme de divertissement. C’est un supplice qu’on a choisi, cela n’améliore ni le monde, ni soi-même. Ce n’est pas en participant à un marathon qu’on devient Jésus-Christ.
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Considérez-vous qu’il s’agisse d’un phénomène d’origine américaine ?
Il a probablement commencé aux États-Unis avant de s’étendre ailleurs. En Australie, les gens portent des vêtements sportifs partout, histoire de faire croire qu’ils vont à la salle de sport ou qu’ils en sortent. À Sydney, au jardin
