On aurait bien aimé ne rien rajouter à nos mots sur Deux vies valent mieux qu’une de Jean-Marc Roberts. Un ami, pourtant, nous annonce que Jean-Marc est mort. Le crabe, à la fin, remporte toujours la mise. On ne le connaissait pas, l’ayant juste interviouvé une fois longuement pour un journal du Sud-ouest et ayant reçu une lettre de refus pour un manuscrit qu’il avait aimé. Les deux fois : un homme charmant. On savait juste que, au Seuil, chez Fayard ou chez Stock, il avait édité de nombreux écrivains que nous considérons parmi les meilleurs : Christopher Frank, Christian Authier, Sébastien Lapaque, Franck Maubert, Stéphane Guibourgé, Gérard Guégan par exemple. D’autres que nous aimons moins, mais peu importe. Son dernier coup fut la publication de Belle et bête de Marcela Iacub.
Chez Roberts, le goût des jolies femmes, toujours. Ne pas oublier, également, qu’il obtint le prix Renaudot en 1979 pour Affaires étrangères, roman qu’il adapta au cinéma pour Granier-Deferre comme il scénarisa l’excellent Que les gros salaires lèvent le doigt, avec Jean Poiret, Daniel Auteuil et Marie Laforêt, un film à revoir sans fin dans les tristes temps où nous vivons. Que dire d’autre ? Il fut l’un des seuls à défendre son ami François-Marie Banier quand tout le monde lui crachait dessus ; il aimait la regrettée Muriel Cerf et les jeunes filles en bikini sur les plages italiennes ; il était injuste, brillant, léger et profond à la fois quand il écrivait. Il était de « la race des seigneurs ». Jean-Marc Roberts nous bouleversait et nous rendait heureux : il nous manque déjà.
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