Voilà que le mouvement pro-nucléaire défend maintenant cette énergie pour des raisons écologiques, alors que ceux qui sont contre craignent toujours un nouveau Tchernobyl…
Comme il semble loin le temps où le philosophe Günther Anders, un des rares à avoir pensé l’âge atomique, écrivait dans La Menace nucléaire : « Nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai. C’est aujourd’hui que ces termes “fin du monde”, “apocalypse” prennent un sens sérieux et non métaphysique ; depuis l’année zéro (1945), ils désignent pour la première fois une fin réellement possible. »
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C’est que, devant l’urgence climatique, l’énergie nucléaire est redevenue à la mode, en ces temps d’élection présidentielle, à gauche comme à droite. Même le candidat du PCF, Fabien Roussel, déclarait en mars 2021 dans Le Point : « Je suis favorable au maintien du nucléaire en France », tandis que Macron, qui avait promis en 2017 d’en sortir un jour ou l’autre, le défend avec le zèle des convertis : « L’objectif numéro un, c’est de faire émerger en France d’ici 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille innovant avec une meilleure gestion des déchets. » Quant à Xavier Bertrand, il résume ainsi la situation : « À ceux qui souhaitent une économie décarbonée, il faut assumer de dire qu’il existe une solution opérationnelle : le nucléaire. »
On se croirait revenu à l’époque bénie des optimistes années 1960 où Isaac Asimov se livrait, à l’occasion de l’exposition universelle de New York (1964), à l’éloge du nucléaire. Dans un article de prospective sur le monde en 2014, il soulignait les limites des énergies renouvelables : « Le combustible ne sera pas cher, car il sera le sous-produit des centrales à fission qui fourniront plus de la moitié des besoins énergétiques de l’humanité […]. Et une ou deux centrales expérimentales à fusion nucléaire existeront déjà. De grandes centrales d’énergie solaire seront aussi en fonction dans plusieurs zones désertiques et semi-désertiques telles que l’Arizona, le Néguev ou le Kazakhstan. Dans les zones plus fréquentées, mais plus nuageuses et brumeuses, l’énergie solaire sera moins efficace. »
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Il ne reste plus que les écologistes et la France insoumise pour continuer à réclamer l’abandon du nucléaire. Yannick Jadot utilise ainsi une formule choc sur France Info : « Un réacteur, ça peut nous péter à la figure. » Sans doute a-t-il lu La Supplication, le livre magnifique de la prix Nobel Svetlana Alexievitch qui raconte Tchernobyl et recueille les témoignages de ceux qui ont vécu la catastrophe, comme cette femme à qui un médecin annonce : « Vous ne devez pas oublier que ce n’est plus votre mari, l’homme aimé, qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n’êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main ! »
Autant dire que ce débat radioactif est loin d’être clos…
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