Zemmour a tort, mais quand même pas sur tout.
L’auteur de La France n’a pas dit son dernier mot, ne souhaite pas qu’on s’appelle Idriss, Mohamed ou Sofiane si l’on veut être français. Sa charge est excessive. Mais un peu d’histoire permettra peut-être de nuancer les critiques qui visent le polémiste.
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Quand la France, dans les années 70, alla chercher, en Afrique du Nord, des immigrés pour ses usines, ils s’appelaient évidemment Mohamed, Idriss et Sofiane. Mais cela ne posait aucun problème. Ils étaient heureux d’échapper à leur misère et étaient reconnaissants à la France de leur avoir donné du travail.
Quand en 1870, le décret Crémieux fit des Juifs d’Algérie des citoyens français, ils n’appelaient pas leurs enfants Nathan ou Baruch. C’est d’ailleurs pour cette raison que Zemmour a pour prénom Eric.
Quand les Juifs d’Europe de l’Est arrivèrent en France, leurs enfants furent déclarés sous des prénoms français : pas de Moshe ou de Shmoul. Il faut regarder les plaques des écoles parisiennes avec les noms des petits Juifs déportés par les nazis : Robert, Georgette, Maurice, Suzette.
Les temps ont bien changé depuis. Nous assistons à ce que Finkielkraut appelle une « désassimilation ». On peut bien sûr être en France et s’appeler Mohamed, Idriss ou Sofiane. Encore faut-il aimer la France !
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PS : Il y a cela quelques années, Martin Hirsch, l’actuel directeur de l’Assistance publique, farouche adepte du vivre ensemble, déclara ceci : « Quand un Français de souche appellera son fils Mohamed, l’intégration sera réussie ». Alléluia ! Ainsi, les Mohamed de souche pourront émigrer en masse en Algérie.