Le Contrat d’engagement jeunes dévoilé mardi matin par Emmanuel Macron est déjà sous le feu des critiques de ses opposants politiques et de certains syndicats étudiants. Le contrat nouvelle mouture promet 500 euros par mois en échange d’une formation, à partir du 1er mars 2022. Manœuvre électoraliste pour les uns, mesurette pour d’autres, le débat est lancé!
Le contrat d’engagement jeune (CEJ) a pour vocation d’accompagner les jeunes actifs qui sont à la recherche d’un emploi. Ces derniers pourront bénéficier d’une vingtaine d’heures d’accompagnement par semaine pour se former, par le biais d’un emploi ou d’un apprentissage.
La formation comprendra notamment des modules concrets sur les démarches à effectuer pour trouver un premier job. En contrepartie de leur assiduité, les bénéficiaires du contrat toucheront une allocation de 500 euros par mois. Le non-respect du contrat entraînera de facto, l’arrêt du versement de l’allocation. Selon Emmanuel Macron, le dispositif vise à simplifier les régimes déjà existants, comme la Garantie jeunes qui accompagne depuis 2017 les laissés-pour-compte du monde du travail (16-26 ans sans emploi ni formation) tout en ciblant de manière plus efficace les jeunes en question. Jean Castex, dans la foulée, a confirmé que le contrat d’engagement jeune ne viendrait pas s’empiler aux maquis existants et qu’au contraire, il avait vocation à se substituer aux précédents régimes mis en place. L’objectif étant cette fois d’orienter les jeunes en situation d’échec vers des secteurs qui recrutent vraiment.
Lancement le 1er mars 2022
Deux milliards d’euros issus du plan « Un jeune, une solution » devraient servir au financement de cette mesure. 550 millions d’euros supplémentaires viendront encore financer le CEJ. Prévu pour le 1er mars 2022, le dispositif devrait impliquer l’État, les collectivités, les associations, les associations de quartier et tous les organismes en lien avec la jeunesse. Le CEJ pourra s’étendre sur « une durée maximum de 12 mois, renouvelable dans certains cas », selon le Premier ministre. Comme pour la Garantie jeunes, le contrat d’engagement sera principalement initié par « des acteurs de terrain » et/ou sous la férule de Pôle emploi.
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Le jeune sous contrat bénéficiera d’un référent unique, qu’il devra voir en principe au moins deux fois par mois. Le but étant de trouver un travail dans les 12 mois. Pour faciliter les échanges, Jean Castex a promis la création d’une application mobile, à laquelle auront accès tous les bénéficiaires.
Pour les moins de 25 ans seulement
Le contrat d’engagement jeune « a vocation à accompagner ceux qui étaient accompagnés par la garantie jeunes et extrêmement éloignés de la formation et de l’emploi », indique Olivia Grégoire, la secrétaire d’État chargée de l’économie sociale, solidaire et responsable.
Annoncé avec fracas le 12 juillet par Emmanuel Macron, le projet proposait initialement d’inclure les travailleurs précaires et la totalité des jeunes sans emploi. Le public visé était alors d’au moins un million de jeunes en situation précaire. Bruno Le Maire a depuis réussi à restreindre le public visé. Politiquement, il n’aurait pas été habile, face à la pénurie de main-d’œuvre, d’ouvrir le robinet à allocations démesurément… La mesure annoncée ce mardi, concernerait désormais au maximum 600 000 jeunes en situation de décrochage. Le président de la République a fini par suivre les recommandations de Bercy en restreignant le champ d’application et en affirmant que le « Contrat Engagement s’adresse[rait] à tous les jeunes de moins de 25 ans sans formation ni emploi depuis plusieurs mois ».
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Néanmoins, pour un jeune en situation de handicap, le contrat d’engagement sera accessible jusqu’à 29 ans.
Le contrat d’engagement jeune sous le feu de l’opposition
Sans surprise, à gauche, le contrat pêche par son manque d’ambition. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT a dégainé dans les premiers en déclarant que « le compte n’y est pas ». Dans une interview accordée mercredi à la Tribune, il précise : « Ce n’est pas la garantie jeunes universelle pour tous les jeunes sans emploi et sans formation que la CFDT souhaitait et portait avec d’autres organisations ». Il ajoute : « On en est loin. Nous sommes toujours mobilisés pour un élargissement des minima sociaux en direction des jeunes, alors que le RSA est ouvert à partir de 25 ans seulement ».
A droite, Christian Jacob a fustigé sur le plateau de BFMTV ce « chèque de plus sans provisions ». Le procès en assistanat n’est pas très loin. Le président des Républicains a raillé : « Des annonces, le président en fait toutes les 48 heures, et elles ne sont pas dans le budget ». Toujours dans le champ lexical bancaire, le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand a accusé Emmanuel Macron sur France 2 de « faire campagne avec le chéquier de la France ».
La crise sanitaire s’éloignant et le débit du robinet des allocations étant plus fort que jamais, ne faut-il pas tout simplement voir dans ce CEJ une nouvelle illustration de la gabegie française et de notre désarroi face à la jeunesse ? Qu’adviendra-t-il en effet d’un contrat s’il ne fait que donner plus de droits à la jeunesse et moins de devoirs ? D’aucuns se contentent toutefois de n’y voir rien de plus qu’une manœuvre d’un président qui est en campagne sans le dire vraiment. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le député LR Maxime Minot a ainsi dénoncé une “mesure clientéliste” dont la mise en application produirait ses premiers effets à seulement six semaines des élections présidentielles. C’est vrai que ça tombe bien…
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